L’archipel français de Nouvelle-Calédonie : un deuxième référendum, et après ?

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La nette progression des indépendantistes au deuxième référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, archipel français stratégique de 270 000 habitants dans le Pacifique-sud, remporté dimanche par les pro-français à 53,26%, les place en position de force pour discuter de l'après accord de Nouméa. Voici les conséquences politiques et les principaux enseignements qu'on peut tirer de ce scrutin.

Publié le 06/10/2020 à 10:47 - Mise à jour le 06/10/2020 à 10:47

La nette progression des indépendantistes au deuxième référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, archipel français stratégique de 270 000 habitants dans le Pacifique-sud, remporté dimanche par les pro-français à 53,26%, les place en position de force pour discuter de l'après accord de Nouméa. Voici les conséquences politiques et les principaux enseignements qu'on peut tirer de ce scrutin.

Quid du troisième référendum ?

Comme l’a rappelé le président français Emmanuel Macron dans une déclaration solennelle dimanche après le résultat, « un troisième référendum est possible ». L’accord de Nouméa (1998), qui a mis en œuvre un processus de décolonisation inédit dans l’histoire de France, prévoit en effet la possibilité, à partir du sixième mois (avril 2021) suivant le scrutin, qu’un troisième et dernier référendum puisse être organisé « à la demande écrite du tiers des membres du Congrès » (18 sur 54).

À compter de cette demande, l’État français a 18 mois pour organiser le scrutin. Mais l’ex-Premier ministre Edouard Philippe et les forces politiques calédoniennes ont convenu que ce nouveau scrutin ne pourrait avoir lieu « entre le milieu du mois de septembre 2021 et la fin du mois d’août 2022 », pour éviter que cette consultation ne se télescope avec les élections présidentielle et législatives en France. 

La question restera inchangé : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? »

Les indépendantistes ont d’ores et déjà annoncé qu’ils demanderaient le troisième scrutin, tout en se disant ouverts au dialogue. 

En face, les non indépendantistes voudraient à tout prix l’éviter, craignant un nouveau recul de leurs positions. 

Le retour de l’État très attendu

Emmanuel Macron a annoncé dimanche que le gouvernement français allait prendre « des initiatives » dans les prochains jours pour « bâtir un nouveau projet » pour sortir de l’accord de Nouméa, qui s’achève fin 2022 avec un possible dernier référendum et laisse dans le flou le statut du territoire et son avenir politique.

Le Premier ministre français Jean Castex a confirmé dans un communiqué qu’il allait réunir « prochainement » tous les acteurs de Nouvelle-Calédonie « disposés à travailler ensemble à la poursuite du processus de dialogue et de paix à l’œuvre depuis trente ans ». Une manière de reprendre la main sur un dossier dont s’était emparé avec succès son prédécesseur. 

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu s’envole jeudi pour Nouméa afin de rencontrer les forces politiques calédoniennes. Il va se plier à la quatorzaine obligatoire pour tout arrivant et restera sur place jusqu’au 30 octobre.

Indépendantistes et non indépendantistes ont tous regretté le manque d’implication de la parole de l’État français au cours du deuxième référendum. « L’État nous a complètement lâché, il n’y a plus de son, plus d’image » depuis l’arrivée de Jean Castex, a regretté Roch Wamytan, président (UC-FLNKS, indépendantistes) du Congrès. Un avis que partage le président loyaliste du gouvernement Thierry Santa (Avenir en Confiance, droite) : « Le nouveau gouvernement s’est très peu impliqué. C’est un reproche que nous faisons à l’État : un manque d’implication et un manque de positionnement ».

Un consensus sur quoi ?

Tous les acteurs politiques calédoniens se disent prêts à se mettre autour de la table dès à présent. Mais il va falloir concilier les antagonismes, ce qui s’annonce comme une tache ardue. 

Pour Roch Wamytan, il faudra discuter de deux points fondamentaux : « la place du peuple kanak car c’est lui qui est colonisé, et le lien à la France que nous questionnons depuis 167 ans ».

(Crédit photo : Theo Rouby / AFP)

Aux yeux du FLNKS, la pleine souveraineté est la seule option possible après l’accord de Nouméa. Mais pour Thierry Santa, « si on se remet autour de la table, ce n’est pas pour discuter de l’indépendance, mais pour prendre en compte la volonté exprimée par le résultat du référendum ».

La présidente de la province Sud, Sonia Backès, a mis en avant deux thèmes prioritaires: l’ouverture de la citoyenneté, qui pour le moment exclut toute personne arrivée sur le Caillou après novembre 1998, et des garanties sur la propriétés privée. 

Le député Philippe Gomès, dirigeant de Calédonie ensemble, veut lui « conjuguer ‘souveraineté’ et ‘République’ au lieu de les opposer », et se dit même « prêt à construire un consensus pour un ‘oui’ collectif sur un avenir partagé où chacun aurait sa place ».

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