Incendie d’un oléoduc au Mexique : le bilan monte à 67 morts et 75 blessés

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Publié le 18/01/2019 à 14:17 - Mise à jour le 18/01/2019 à 14:17

Au lendemain du drame, des corps calcinés étaient visibles dans un champs noirci par les flammes, où des médecins légistes en tenue blanche effectuaient les premiers relevés. On pouvait encore apercevoir des bidons en plastique abandonnés par les habitants dans la panique qui a suivi l’explosion.
« J’ai deux frères, l’un se trouve à l’hôpital militaire et l’autre nous ne l’avons trouvé dans aucun hôpital et nous attendons de voir s’il est ici », indique à l’AFP Patricia Vasquez, 46 ans. 
D’autres habitants ont passé la nuit là, un tissu parfois sur le visage pour se protéger des émanations toxiques, dans l’attente de nouvelles.

> Une des explosion d’oléoduc les plus meurtrières

Il s’agit d’une des plus meurtrières explosions d’oléoduc dans le monde depuis 25 ans. Parmi les blessés figurent huit mineurs, dont un enfant de douze ans.

Le drame s’est déroulé vendredi dans la localité de Tlahuelilpan, à environ 120 km au nord de Mexico, quelques heures après le percement clandestin d’une canalisation par des trafiquants de carburant. 

La fuite avait attiré quelques centaines d’habitants, dont des familles entières, venus récupérer du carburant munis de seaux et jerrycans, alors qu’une pénurie touche le pays à la suite de l’offensive du gouvernement contre ces vols.
Deux heures après la perforation clandestine, « nous avons appris qu’il y avait eu une explosion », a expliqué le gouverneur de l’Etat d’Hidalgo, Omar Fayad.

 

> Une origine « intentionnelle »

Le procureur général par intérim, Alejandro Gertz, à qui a été confié l’enquête, a évoqué une origine « intentionnelle » car « quelqu’un a perforé (l’oléoduc) et l’incendie est une conséquence de ce crime ».

Peu avant le drame, on pouvait voir des gens marcher à travers champs munis de récipients vers un grand geyser de carburant sous le regard indifférent de soldats. Quelques heures plus tard, des images montraient des personnes terrifiées, certaines courant en flammes, et appelant à l’aide dans la nuit, après l’explosion.

« Je suis juste allé voir ce qu’il se passait et l’explosion s’est produite. J’ai couru pour aider les gens », a témoigné à l’AFP Fernando Garcia, âgé de 47 ans. « J’ai dû passer au travers des restes de personnes qui avaient été complètement brûlées ».
Vers minuit vendredi, le ministre de la Sécurité du gouvernement fédéral, Alfonso Durazo, a annoncé que l’incendie était maîtrisé.

> Vols de carburant 

Cette tragédie survient alors que le gouvernement de M. Lopez Obrador met en oeuvre une stratégie nationale contre le vol de carburant, un fléau qui a fait perdre quelque 3 milliards de dollars en 2017 à l’Etat mexicain.
Plus de 10 000 siphonnages ont été enregistrés cette même année sur les canalisations de l’entreprise publique Pemex, selon des chiffres officiels.

Certains gangs ou de simples familles volent ainsi du carburant qu’ils revendent ensuite au marché noir, notamment dans l’Etat de Puebla (centre), épicentre du phénomène connu sous le nom de « Huachicol ».

Autour de cette pratique illégale s’est même développée une culture locale avec chansons populaires et figures religieuses portant un bidon et un tuyau en plastique. Dans certains secteurs, des stations-service officielles distribuent même du carburant volé.
Depuis deux semaines, plusieurs oléoducs ont été fermés par le gouvernement qui cherche à stopper ces vols.

Cette stratégie a provoqué une pénurie de carburant dans une dizaine d’Etats du pays, dont la capitale, où de longues files d’attentes étaient visibles devant les stations d’essence, même si la situation revenait peu à peu à la normale à Mexico, grâce à des livraisons par camion.

Sur les lieux du drame à Tlahuelilpan, plusieurs personnes ont incriminé ces pénuries : « Beaucoup de gens sont arrivés avec leurs jerrycans en raison de la pénurie d’essence que nous avons connue », a déclaré Martin Trejo, 55 ans, qui recherchait désespérément son fils venu récupérer du carburant sur la fuite.

M. Trejo a également fustigé l’incapacité de l’armée à empêcher les pillages de carburant : « Ces vies auraient été épargnées si (l’armée) avait fait son travail en empêchant les gens d’approcher. Mais non, ils n’ont rien fait ».

Le président López Obrador, entré en fonction le 1er décembre dernier, a annoncé qu’il se rendrait la semaine prochaine dans des secteurs où les vols de carburant sont fréquents pour « convaincre » la population de stopper ce délit et leur apporter en retour des aides économiques. 

Rédaction web avec AFP

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