Kiev et le Nord
Les forces russes maintiennent l’étau sur Kiev. Présentes dans les faubourgs, elles cherchent à éliminer les défenses dans plusieurs localités pour « bloquer » la capitale, selon l’état-major ukrainien. Les banlieues nord-ouest, notamment Irpin et Boutcha, ont déjà subi des jours de bombardements intensifs, tandis que les blindés russes avancent par le nord-est.
Des frappes russes ont notamment détruit samedi matin l’aéroport de Vassylkiv, à environ 40 kilomètres au sud de Kiev, et un dépôt de pétrole, également touché, a pris feu, selon les autorités locales.
Le ministère britannique de la Défense estime que les forces russes étaient samedi à 25 kilomètres de la capitale et qu’une colonne au nord de la ville s’était dispersée, renforçant l’idée d’une volonté d’encerclement.
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L’Institut américain pour la recherche sur la guerre (ISW) évoquait pourtant « une nouvelle pause pour réapprovisionner et réajuster les unités de combat » vendredi, après des échecs du 8 au 10 mars.
« Les forces russes n’ont pas enregistré de gain substantiel ces 24 dernières heures et les forces ukrainiennes ont probablement conduit plusieurs contre-attaques locales au nord-ouest de Kiev », a expliqué l’ISW dans la nuit de vendredi à samedi.
L’Est
L’armée russe a fait état d’avancées sur le front de la région séparatiste du Donbass, affirmant avoir détruit « au total 3.491 infrastructures militaires ukrainiennes », dont « 123 véhicules aériens sans pilote, 1.127 chars et autres véhicules de combat blindés ».
Le ministère de la Défense russe a aussi évoqué la livraison par l’armée russe de plus de 100 tonnes d’aide humanitaire « aux colonies libérées de la région de Kharkiv » (nord-est).
Le Sud
Dans la ville portuaire de Mykolaïv, les bombardements n’ont quasiment pas cessé de la nuit, touchant notamment un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon une journaliste de l’AFP.
Assiégée depuis douze jours, Marioupol, à court de nourriture, est aussi privée d’eau, de gaz, d’électricité, de communications. Une situation « quasi désespérée », selon Médecins sans frontières (MSF). Des tentatives d’évacuation de centaines de milliers de civils ont échoué à plusieurs reprises.
La prise de cette cité d’importance stratégique permettrait d’établir une continuité territoriale totale entre les forces russes en provenance de la Crimée annexée par Moscou et les troupes séparatistes et russes du Donbass.
La situation y est dramatique. « Marioupol est toujours encerclée, ce qu’ils ne peuvent pas avoir par la guerre, (les Russes) veulent l’avoir par la faim et par le désespoir. Comme ils ne peuvent pas faire tomber l’armée ukrainienne, il visent la population », constate une source militaire française.
Le gouvernement ukrainien a affirmé samedi qu’une mosquée avait été bombardée, dans laquelle s’étaient réfugiés environ 80 civils dont des Turcs. Mais selon le président de l’Association de la mosquée Souleiman de Marioupol, Ismail Hacioglu, le quartier de la mosquée était sous le feu mais la mosquée elle-même n’a pas été touchée.
L’Ouest et le Centre
L’ouest de l’Ukraine est pour l’instant largement épargné par les combats. Sa plus grande cité, Lviv, est devenue une plaque tournante pour les missions diplomatiques, les journalistes et les Ukrainiens cherchant à se mettre en sécurité ou à fuir dans un pays voisin.
Au centre du pays, « les russes semblent faire effort vers Dnipro », estime la source militaire française. « Une fois que vous tenez Dnipro, vous coupez l’Ukraine en deux ».
Cette cité industrielle d’un million d’habitants a un intérêt stratégique primordial pour l’armée russe car elle est située sur le Dniepr, le fleuve qui marque la séparation entre l’Est en partie prorusse de l’Ukraine et le reste de son territoire.
Si la ville tombe, l’armée ukrainienne risque d’être coupée en deux.
Bilan humain
« Environ 1.300 » militaires ukrainiens ont été tués depuis le début de l’invasion russe le 24 février, a indiqué samedi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, premier décompte officiel fourni depuis le début de l’invasion.
Il a affirmé que l’armée russe, elle, avait perdu « environ 12.000 hommes ». La Russie a annoncé le 2 mars son seul et unique bilan à ce jour (498 soldats tués). Le Pentagone a fourni pour sa part une estimation de 2.000 à 4.000 morts russes en 14 jours.
Au moins 579 civils ont été tués, selon le décompte samedi de l’ONU, qui souligne que ses bilans sont probablement très inférieurs à la réalité.
Rien qu’à Marioupol, 1.582 civils ont été tués et enterrés dans des fosses communes, selon le chef de la diplomatie ukrainienne.
Réfugiés et déplacés
Le flot de personnes fuyant le conflit en Ukraine s’est quelque peu ralenti vendredi pour approcher les 2,6 millions de réfugiés, selon l’ONU.
Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) recensait exactement 2.597.543 réfugiés venant d’Ukraine sur son site internet dédié, vers 11H00 GMT samedi. Ce sont 92.650 de plus que lors du précédent pointage, soit bien moins que le nombre de personnes qui ont traversé la frontière ukrainienne chaque jour depuis le début du conflit.
Quatre millions de personnes pourraient vouloir quitter le pays pour échapper à la guerre, un chiffre qui devrait très certainement être révisé à la hausse, selon le HCR.