Grande barrière de corail : l’Australie investit pour la préservation, l’Unesco satisfaite

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Après la querelle, les avancées : l'Unesco a salué mardi la volonté de l'Australie d'investir 2,7 milliards d'euros (environ 323 milliards de Fcfp) pour protéger la Grande Barrière de corail, concluant des années de bras de fer avec Canberra autour de son inscription parmi les sites "en péril" du patrimoine mondial.

Publié le 06/06/2023 à 17:08 - Mise à jour le 06/06/2023 à 17:08

Après la querelle, les avancées : l'Unesco a salué mardi la volonté de l'Australie d'investir 2,7 milliards d'euros (environ 323 milliards de Fcfp) pour protéger la Grande Barrière de corail, concluant des années de bras de fer avec Canberra autour de son inscription parmi les sites "en péril" du patrimoine mondial.

« Je me réjouis que le dialogue soutenu entre nos experts et les autorités australiennes se traduise aujourd’hui par des engagements formels », a déclaré Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, dans un communiqué.

En 2021, l’Unesco avait menacé de faire figurer la Grande Barrière de corail, menacée par le réchauffement climatique, sur la liste des sites « en péril » du patrimoine mondial. 

Le précédent gouvernement australien, s’estimant victime d’un affront, avait fait preuve d’une rare virulence pour combattre la mesure.

Il est « erroné » de placer « le récif le mieux géré au monde sur la liste ‘en péril' », avait déclaré l’ex-ministre de l’Environnement Susan Ley.

Un influent parlementaire conservateur y avait même détecté une action de la Chine, qui utiliserait l’Unesco comme « marionnette » pour heurter Canberra.

« La réaction du gouvernement conservateur australien était d’une violence inhabituelle. (…) Il n’y avait pas de discussion possible. On était sur une position d’expertise scientifique, et eux se plaçaient sur un plan diplomatique », observe un cadre de l’Unesco.

Et ce diplomate de louer « un changement radical » entre l’exécutif de Scott Morrison et celui du Premier ministre travailliste Anthony Albanese, aux affaires depuis mai 2022.

Celui-ci a privilégié « le dialogue » et a pris « les engagements les plus poussés » pour répondre aux recommandations de l’ONU.

Dans un courrier à l’institution onusienne daté du 25 mai et consulté par l’AFP, Tanya Plibersek, l’actuelle ministre de l’Environnement, annonce ainsi un « investissement » de 4,4 milliards de dollars australiens (environ 323 milliards de Fcfp) « pour assurer le futur de la Grande Barrière ».

Parmi les mesures promises, la création de « zones sans pêche » sur un tiers du site d’ici à 2025, une réduction « considérable » des rejets de polluants des agriculteurs et des industriels ou encore la baisse des émissions de CO2 du pays, selon l’Unesco.

– Incertitude –

L’Australie est un des plus importants exportateurs mondiaux de charbon et de gaz naturel et l’un des pires émetteurs d’émissions de dioxyde de carbone par habitant (15,3 tonnes chaque année), loin devant la Chine (7,6) et même devant les États-Unis (14,7), selon la Banque mondiale.

Outre sa valeur inestimable d’un point de vue naturel ou scientifique, on estime que l’ensemble corallien, qui s’étend sur 2.300 km de long, génère 4,8 milliards de dollars de revenus pour le secteur touristique australien.

En décembre 2021, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) avait affirmé que le changement climatique constituait la plus grande menace pour les merveilles de la nature et la Grande Barrière avait rejoint la liste des sites classés « critiques ».

Trois mois plus tard, l’UICN et l’Unesco, dans un rapport commun, établissaient une liste de mesures, désormais reprises par Canberra, dont « la mise en place rapide pourrait améliorer considérablement » la préservation du site « pour les générations futures ».

Le gouvernement travailliste a également annoncé en octobre l’abandon de deux projets de barrages et en février celui d’une mine de charbon, tous trois proches de cette splendeur marine.

Mais « personne ne peut dire si cela suffira ou pas pour sauver le site dans les décennies qui viennent », observe l’expert onusien. Car « la question de la température de l’eau, qui est l’un des facteurs (destructifs), ne dépend pas que des engagements que prend l’Australie ».

La Grande Barrière de corail a déjà connu trois épisodes de blanchissement en cinq ans alors que la moitié des coraux ont disparu, depuis 1995, en raison de la hausse de la température de l’eau.

Avec cet « écosystème (…) très vaste et très complexe », il ne faut pas s’attendre à des changements « du jour au lendemain », observe Fanny Douvere, coordinatrice du programme marin du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco.

Mais grâce à ces mesures « extrêmement ambitieuses », « le récif devrait avoir une chance », espère-t-elle toutefois, interrogée par l’AFP.

Des experts du patrimoine mondial feront savoir en juillet, après une visite de la Grande Barrière, s’ils recommandent ou non son placement sur la liste des sites « en péril », ce que validera en septembre le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco.

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