Son entourage avait annoncé cette déclaration après le report de dernière minute mercredi matin de la visite de l’ancien Premier ministre au Salon de l’Agriculture. Il s’y est finalement rendu dans l’après-midi au milieu d’une cohue de caméras dans une marche rythmée au son de ses partisans (« Fillon, président ») et de ses adversaires (« Voleur ! Rends l’argent »).
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Après une matinée d’intenses spéculations, François Fillon, déstabilisé par les affaires, avait fini par expliquer : « Mon avocat a été informé que je serai convoqué le 15 mars par les juges d’instruction afin d’être mis en examen ». Il a assuré qu’il se rendrait bien à cette convocation, non sans tirer à boulets rouges contre l’institution judiciaire.
Sa femme Penelope, visée par des accusations d’emplois fictifs comme collaboratrice parlementaire ainsi qu’à La Revue des Deux Mondes, est également convoquée à des fins de mise en examen.
« Au-delà de la procédure judiciaire, c’est au peuple français et à lui seul que j’en appelle désormais (…) parce que seul le suffrage universel et non pas une procédure menée à charge peut décider qui sera le prochain président de la République », a expliqué M. Fillon.
Cette attaque a suscité des réactions au plus haut sommet de l’Etat : François Hollande s’est élevé « solennellement contre toute mise en cause des magistrats ».
« Une candidature à la présidentielle n’autorise pas à jeter la suspicion sur le travail des policiers et des juges » ni à formuler des « accusations extrêmement graves », a mis en garde le chef de l’Etat.
Bruno Le Maire, ex-candidat à la primaire de la droite, a lui annoncé sa démission de ses fonctions de représentant pour les affaires européennes et internationales auprès du candidat, au nom du « respect de la parole donnée ».
Il a été suivi par les députés Alain Chrétien, Jean-Luc Warsmann mais aussi Catherine Vautrin, vice-présidente LR de l’Assemblée. Le député LR Pierre Lellouche a appelé à chercher « une sortie de crise par le haut », envisageant de demander au Conseil constitutionnel un report de l’élection.
Les centristes de l’UDI, qui avaient initialement soutenu Alain Juppé avant de rallier François Fillon, ont annoncé qu’ils « suspendaient » leur participation à la campagne.
M. Fillon avait promis qu’il se retirerait s’il était mis en examen, avant de faire machine arrière mi-février, expliquant s’en remettre « au seul suffrage universel ».
Il risque fort d’être poursuivi par ce revirement, qui fait écho à une phrase assassine visant Nicolas Sarkozy durant la primaire : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? »
« Franchement, ce qu’ils ont fait ce matin, politiquement, c’est tout ce qu’il ne fallait pas faire. C’est n’importe quoi… », s’alarme un membre de LR.
Vainqueur triomphal de la primaire de la droite fin novembre, l’ancien Premier ministre, décroché dans les sondages, est aujourd’hui en grande difficulté.
Ses adversaires à la présidentielle ont vivement critiqué ses propos. Emmanuel Macron l’a accusé de perdre « ses nerfs » et « le sens des réalités ». Il a refusé l’idée d’une « trêve judiciaire » pendant la campagne. Benoît Hamon a condamné « une incroyable violence » de ses propos. Jean-Luc Mélenchon a dit avoir « de la peine » pour la droite, qui mériterait « un candidat présentable ».
Dans la matinée, M. Fillon s’était entretenu avec Alain Juppé, finaliste de la primaire de la droite, et avec Nicolas Sarkozy.
Un de ses proches, le député LR Jérôme Chartier a annoncé un rassemblement de soutien dimanche à Paris place du Trocadéro.
Selon un sondage publié mercredi, plus de 7 Français sur 10 (73%) estiment qu’« il faut laisser la justice faire son travail » dans les enquêtes visant François Fillon et Marine Le Pen, la candidate FN à la présidentielle.