« Le monde a reçu plein de fausses informations sur la transmission et la mortalité » du Covid-19, a lancé M. Trump dans un long et violent réquisitoire contre cette agence de l’ONU.
Depuis plusieurs jours, l’administration Trump critique avec virulence l’attitude de l’agence onusienne basée à Genève, dénonçant en particulier ses prises de position à ses yeux trop favorables à Pékin.
« Aujourd’hui, j’ordonne la suspension du financement de l’Organisation mondiale de la santé pendant qu’une étude est menée pour examiner son rôle dans la mauvaise gestion et la dissimulation de la propagation du coronavirus », a lancé M. Trump depuis les jardins de la Maison Blanche.
– PUBLICITE –
Soulignant que les Etats-Unis contribuaient à hauteur de « 400 à 500 millions de dollars par an » à l’organisation, contre environ 40 millions de dollars « et même moins » pour la Chine, M. Trump a estimé que son pays avait le devoir des réclamer des comptes.
« Si l’OMS avait fait son travail et envoyé des experts médicaux en Chine pour étudier objectivement la situation sur le terrain, l’épidémie aurait pu être contenue à sa source avec très peu de morts », a-t-il martelé.
« Nous avons eu des problèmes avec eux depuis des années », a-t-il encore dit.
Main tendue aux gouverneurs
Le président américain est par ailleurs resté évasif sur les conditions dans lesquelles il souhaitait que les Etats-Unis mettent progressivement en place le déconfinement.
Après avoir eu des propos très autoritaires lundi — « C’est le président des Etats-Unis qui décide ! » –, il a adopté un ton beaucoup plus conciliant vis-à-vis des gouverneurs.
« Nous nous entendons tous très bien et nous voulons tous prendre les bonnes décisions », a-t-il lancé.
Avec les premiers signaux encourageants face au Covid-19, liés à la stabilisation du rythme des contaminations, le débat a vite basculé sur les moyens de « rouvrir le robinet » tout en gardant un oeil sur un éventuel redémarrage de l’épidémie.
Le milliardaire républicain n’a pas présenté, comme il l’avait promis, la composition de son « comité sur la réouverture de notre pays ».
Andrew Cuomo, gouverneur de l’Etat de New York, avait vivement dénoncé mardi matin les propos du président selon lesquels il avait tout pouvoir d’ordonner le déconfinement dans les Etats.
« La position du président est tout simplement absurde. Ce n’est pas ce que dit la loi. Ce n’est pas ce que dit la constitution. Nous n’avons pas un roi, nous avons un président », avait-il lancé.
Le locataire de la Maison Blanche peut certes donner le ton, fixer un cap, mais le système fédéral accorde aux gouverneurs des 50 Etats le pouvoir de prendre les mesures obligatoires de confinement ou de déconfinement.
A ce jour, Donald Trump n’a d’ailleurs fait qu’émettre des recommandations de distanciation sociale jusqu’à fin avril.
« Réouverture par étapes »
Depuis plusieurs jours, sur les deux côtes des Etats-Unis, les gouverneurs se regroupent pour esquisser des réponses coordonnées.
A l’est, New York, New Jersey, Connecticut, Rhode Island, Massachusetts, Delaware et Pennsylvanie. A l’ouest, Californie, Oregon et Washington.
Désireux de marquer son territoire, Andrew Cuomo s’est fait encore plus explicite sur le poids qu’il accorderait à une éventuelle injonction présidentielle.
« S’il me donnait l’ordre de rouvrir d’une manière qui mettrait en danger la santé publique dans mon Etat, je ne le ferais pas », a-t-il déclaré, estimant que cela engendrerait un combat devant les tribunaux que les Etats-Unis ne peuvent se permettre dans le contexte actuel.
Augmentation massive des tests, mesures de confinement spécifiques pour les plus de 65 ans, réouverture progressive pour certains commerces : tous les gouverneurs préparent leurs plans de transition.
Et la plupart d’entre eux rappellent inlassablement une vérité dure à accepter : le nouveau coronavirus, qui cause la maladie du Covid-19, n’aura pas disparu à la fin du confinement. Une grande majorité de la population l’aura évité et restera donc susceptible d’être contaminée tant qu’il n’y aura pas de vaccin.
« Ce sera une réouverture par étapes », martèle Andrew Cuomo. « Il n’y a pas d’interrupteur. Ce n’est pas binaire ».