« Une partie de moi s’attendait à trouver quelque chose, mais pas au point d’avoir 100% des individus du lieu le plus profond du monde ayant des fibres dans leurs entrailles. C’est énorme », explique à l’AFP Alan Jamieson, chercheur en écologie marine à l’université britannique de Newcastle. Le scientifique, spécialiste de l’exploration sous-marine qui a découvert plusieurs espèces des abysses, n’étudie généralement pas les questions de pollution au plastique.
> Plus de 300 millions de tonnes de plastique produites chaque année
Plus de 300 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, dont une partie se retrouvent dans l’océan. Si selon des estimations scientifiques, quelque 5 000 milliards de morceaux de plastique pesant plus de 250 000 tonnes flottent à la surface, la matière finit par se dégrader en microparticules qui coulent au fond des mers.
De précédentes études avaient mis en évidence la présence de microplastiques dans des sédiments marins à près de 7 000 mètres près de la fosse des Kouriles, et dans des organismes vivant à 2 200 mètres de profondeur dans l’Atlantique Nord. Mais la plupart des études se focalisent sur la surface.
Avec ces nouvelles données, « le point essentiel est qu’on trouve (les microplastiques) systématiquement dans des animaux tout autour du Pacifique à des profondeurs extraordinaires. C’est partout. Il est temps d’accepter que les microparticules de plastique sont partout », déplore Alan Jamieson. Certaines des fosses où vivaient les individus étudiés sont en effet éloignées de plusieurs milliers de kilomètres les unes des autres. Et la pollution des profondeurs n’est pas nouvelle, les premiers échantillons remontant à 2008.
> « On entasse nos poubelles dans l’endroit qu’on connait le moins au monde »
Et une fois entrés dans la chaîne alimentaire, « il y a une forte probabilité » d’un « cycle perpétuel » de transfert de ces microplastiques d’un animal à son prédateur.
L’ONU et les ONG ont déclaré la guerre aux plastiques pour tenter de tarir la pollution à la source en luttant contre la culture du tout-jetable. Mais l’espoir de nettoyer les mers des volumes de déchets gigantesques est plus que faible.
Et la perspective est encore plus sombre pour le fond des océans où les particules décomposées finiront par atterrir.
« On entasse nos poubelles dans l’endroit qu’on connait le moins au monde », déplore Alan Jamieson.
Rédaction web avec AFP