Dernière sortie du patrouilleur P400 dans le Pacifique

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C'est un navire de l'armée qui a silloné les eaux Polynésiennes. Ce weekend, l'AFP a suivi les adieux de "La Glorieuse", dernier patrouilleur de classe 400 encore en service actif, pour un dernier hommage de la marine nationale.

Publié le 09/05/2023 à 11:48 - Mise à jour le 09/05/2023 à 12:48

C'est un navire de l'armée qui a silloné les eaux Polynésiennes. Ce weekend, l'AFP a suivi les adieux de "La Glorieuse", dernier patrouilleur de classe 400 encore en service actif, pour un dernier hommage de la marine nationale.

Ses semblables s’appelaient La Moqueuse, L’Audacieuse, La Boudeuse ou encore La Rieuse. La Glorieuse, dernier patrouilleur de classe 400 encore en service actif, va faire ses adieux. En tout, ce sont dix navires de 400 tonnes, entrés en service à partir de 1986, devenus omniprésents dans les Outre-Mer, qui ont été progressivement désarmés à partir de 2009. 

Les anciens équipages évoquent à l’AFP des bateaux « très marins » (traduire: au roulis affirmé, capables de faire chavirer les cœurs les mieux accrochés), « rustiques » (au confort élémentaire) et « familiaux » (où la promiscuité oblige à considérer ses coéquipiers comme ses frères).

Un rêve qui se perpétue encore aujourd’hui, avec ce jeune aspirant qui, malgré la mort annoncée du navire, a choisi La Glorieuse: « Moi aussi je voulais être de ceux qui ont embarqué à bord du ‘bateau pirate‘  » , l’un des nombreux surnoms donnés au P400, raconte-t-il.

La Glorieuse, la dernière des « vieilles dames« , affichait l’équivalent de 31 tours du globe au compteur avant l’arrivée dimanche à Nouméa de sept de ses anciens commandants pour un baroud d’honneur sur le lagon.

Transport scolaire et élections en Polynésie

Avec La Tapageuse, en Polynésie, le capitaine de vaisseau Nicolas Du Chéné se rappelle avoir « fait office de transport scolaire, récupéré des urnes électorales, amené le juge forain, le médecin, le dentiste » dans des îles qui ne voient qu’un à deux bateaux par an. 

Avec, à l’arrivée, des accueils aussi chaleureux que surprenants comme ce 11 novembre à Tatakoto, aux confins des Tuamotu, « où les habitants nous avaient construits un Arc de Triomphe en feuilles de palmiers« .

Au milieu des marins en tenue d’apparat qui saluent La Glorieuse, un homme détonne ce dimanche en chemise à fleurs. Le 1er juillet 2009, alors que son voilier a démâté à plus de 500 kilomètres des côtes de la Nouvelle-Zélande, l’appel de détresse de Charles Bradfield est capté par La Glorieuse qui se déroute et lui sauve la vie, ainsi qu’à son épouse et à ses six enfants, alors âgés de 6 à 18 ans. 

« J’ai presque pleuré quand j’ai appris le désarmement de La Glorieuse. Grâce à elle, ce qui était un désastre est devenu une véritable aventure« , raconte le naufragé. La famille néo-zélandaise tout entière, accueillie avec les moyens du bord – vareuses en guise de vêtements, carré transformé en logement – , est restée très proche du commandant de l’époque, le capitaine de frégate Numa Durbec.

Des faits d’arme qui ne suffisent pas à changer le cours de l’histoire. Trop petits, trop polluants avec leurs moteurs diesel qui crachent une fumée noire, les P400 ont commencé à être retirées du service en 2009. A charge pour leurs successeurs, les Patrouilleurs Outremers aux moteurs hybrides et au matériel de communication dernier cri, d’écrire à leur tour leur légende. Le premier exemplaire, l’Auguste-Bénébig vient tout juste d’être livré à Nouméa.

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