Déconfinement en métropole : « Un reconfinement en urgence doit être anticipé » prévient Jean Castex

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Chez le coiffeur et dans les boutiques, masqués pour la plupart, une partie des Français se sont offerts de menus plaisirs lundi au premier jour du déconfinement, avançant avec prudence et discipline après 55 jours de réclusion forcée et dans la crainte d'une nouvelle flambée du coronavirus.

Publié le 11/05/2020 à 9:47 - Mise à jour le 11/05/2020 à 9:51

Chez le coiffeur et dans les boutiques, masqués pour la plupart, une partie des Français se sont offerts de menus plaisirs lundi au premier jour du déconfinement, avançant avec prudence et discipline après 55 jours de réclusion forcée et dans la crainte d'une nouvelle flambée du coronavirus.

Dans son rapport, Jean Castex, chargé par le Premier ministre de coordonner la stratégie du déconfinement, appelle toutefois à se tenir prêts à un éventuel effet boomerang : « Un reconfinement en urgence doit être anticipé », prévient-il.

Preuve que « l’épidémie est toujours active et évolutive », a insisté lundi soir la direction générale de la Santé, 263 nouveaux décès ont été enregistrés en 24 heures, après les données encourageantes enregistrées dimanche (70 morts), le bilan le plus faible depuis le 17 mars et le début des restrictions.

À ce stade, l’épidémie a donc fait 26 643 morts, mais les admissions en réanimation continuent de baisser.

Envie de se changer les idées, de humer l’air – très frais – de ce premier jour et de revenir à une certaine normalité, de Lille à Marseille et Toulouse – où quelques « gilets jaunes » se sont retrouvés devant l’hôpital –  une partie du pays s’est remis en mouvement, les commerçants relevant un rideau resté trop longtemps tiré.

« Même si on prend toutes les précautions nécessaires, ça fait du bien de voir du monde », avouait à Rennes Laurie Planchard, dans sa boutique de cosmétique bio dont la caisse est désormais protégée par un hygiaphone en plexiglas.

« Une belle journée »

Sur les Champs-Elysées, la moitié environ des commerces de détail a ouvert, mais la grande avenue parisienne reste privée des touristes, ses principaux visiteurs.

« C’est une belle journée », a constaté le ministre de la Culture Franck Riester, masqué, dans une librairie de Vincennes près de Paris. « Beaucoup de gens sont au rendez-vous (…) pour reconstituer les stocks ou pour acheter des cadeaux pour les anniversaires qui n’ont pas pu être fêtés ».

En revanche, aucune décision ne sera prise concernant les cinémas avant « trois semaines, fin mai début juin », a-t-il souligné sur BFMTV.

« la levée du confinement ce n’est pas la reprise de la vie comme avant »

Olivier Véran, ministre de la Santé

Le Conseil constitutionnel qui a validé la loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire en a censuré certains éléments, liés à l’isolement des malades et au « traçage » de leurs contacts. Mais il a confirmé la limitation des déplacements à 100 km et l’attestation obligatoire dans les transports en commun. 

« On va devoir vivre avec le virus pendant quelque temps et la levée du confinement ce n’est pas la reprise de la vie comme avant », a rappelé le ministre de la Santé Olivier Véran sur BFMTV.

Après quelques points de tension tôt lundi dans le métro parisien, la reprise s’est déroulée sans incident majeur dans les transports publics d’Ile-de-France, RATP et SNCF : les voyageurs, généralement masqués, ont été peu nombreux ce qui a permis de respecter les règles de distanciation.

« Les Franciliens ont fait preuve de civisme et d’autodiscipline pour cette première journée », a résumé Valérie Pécresse, la présidente d’Ile-de-France Mobilités, relevant « seulement quelques incidents ponctuels et limités ».

Réparateurs de vélo

Par anticipation cependant, dans l’après-midi, avec le retour du soleil, des files d’attente se sont formées devant les réparateurs de vélo parisiens. De petits groupes se sont aussi retrouvés dans une atmosphère légère au bord du canal Saint-Martin, le plus souvent masqués, parfois munis de bières et de vin.

Le tribunal de Paris a lui aussi lentement repris vie, avec priorité donnée aux dossiers de violences conjugales et aux affaires avec détenus. 

En régions, la situation était également calme, loin de la fébrilité des lundis matins ordinaires.

« Il ne faut pas qu’on revienne à un épisode où le coronavirus reprendrait », a insisté le maire de Lyon Gérard Collomb promettant de « rouvrir parcs et jardins, mais on ne va pas pouvoir faire tout en même temps » et « les jeux pour enfants resteront inaccessibles », a-t-il précisé.

Aucun embouteillage notable n’était signalé sur les routes. La météo automnale de ce premier matin de liberté a sans doute dissuadé les badauds, comme à Strasbourg, rincée par une pluie drue et un fort vent.

« Les enjeux aujourd’hui, c’est d’éviter qu’on ait à nouveau un nombre de cas très importants susceptibles de saturer à nouveau nos services d’urgence », a prévenu Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin, sur RTL.

Une sévère mise en garde relayée par Jean Castex également: « En l’absence, à brève échéance, de vaccin ou de solution curative, la population française demeure vulnérable à une reprise de l’épidémie », indique-t-il dans son rapport de 68 pages en prévenant que les « effets » d’une deuxième vague « seraient particulièrement dommageables pour une société déjà éprouvée et, plus particulièrement, pour le personnel soignant ».

Profs inquiets

À la veille du retour des premiers élèves en classe, des enseignants se disaient « inquiets ». « Je n’y vais pas de gaîté de coeur » témoignait Marie, dans le Vaucluse.

Un million d’écoliers environ sont concernés par cette rentrée inédite. Selon le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer, « d’ici la fin mai, l’objectif c’est que tous les élèves soient à un moment donné revenus a l’école », avec priorité aux grandes sections, CP et CM2 ainsi qu’aux élèves handicapés ou en risque de décrochage scolaire.

Devant la commission Défense de l’Assemblée nationale, la ministre des Armées Florence Parly a livré les conclusions des deux enquêtes conduites après la contamination de 1.046 marins à bord du porte-avions Charles de Gaulle (près des deux tiers): le commandement a fait preuve d’une « confiance excessive », mais n’a pas commis de « faute », a-t-elle rapporté.

Quatre régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté) et 32 départements, dont Mayotte, où vivent quelque 27 millions de Français au total, restent classés « rouge » en raison de la circulation toujours rapide du virus et du risque de saturation des hôpitaux.

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