Décès de l’ancien président chinois Jiang Zemin à l’âge de 96 ans

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L'ex-président chinois Jiang Zemin est décédé mercredi à l'âge de 96 ans, ont annoncé les médias d'Etat, qui l'ont salué comme un grand révolutionnaire communiste ayant aidé à rétablir l'ordre durant les manifestations pro-démocratie de 1989.

Publié le 01/12/2022 à 11:06 - Mise à jour le 01/12/2022 à 11:35

L'ex-président chinois Jiang Zemin est décédé mercredi à l'âge de 96 ans, ont annoncé les médias d'Etat, qui l'ont salué comme un grand révolutionnaire communiste ayant aidé à rétablir l'ordre durant les manifestations pro-démocratie de 1989.

Il a été le seul président chinois à viister la Polynésie française.

Le décès de Jian Zemin survient alors que les autorités chinoises sont confrontées depuis plusieurs jours au mouvement de contestation le plus étendu depuis ces événements, contre les restrictions sanitaires anti-Covid et pour davantage de libertés politiques.

En Polynésie, le président Edouard Fritch a transmis ses condoléances au consul.

Arrivé au pouvoir au lendemain de la répression des manifestations de la place Tiananmen à Pékin, Jiang Zemin avait accompagné la transformation de la nation la plus peuplée du monde en une puissance mondiale, qu’il avait dirigée jusqu’au début des années 2000.

Son prédécesseur Deng Xiaoping l’avait appelé à la tête du Parti communiste chinois en juin 1989, impressionné par la maîtrise avec laquelle il venait de mettre fin pacifiquement aux manifestations dans sa ville de Shanghai (est), sans verser le sang comme à Pékin. 

« Jiang Zemin est décédé de leucémie et d’une défaillance de plusieurs organes à Shanghai à 12H13 (04H13 GMT) le 30 novembre 2022, à l’âge de 96 ans », a annoncé l’agence d’Etat Chine nouvelle.

Les drapeaux seront en berne sur les bâtiments du Parti communiste et du gouvernement, a indiqué la télévision d’Etat CCTV.

Selon Chine nouvelle, sa mort a été annoncée dans une lettre des autorités chinoises exprimant une « profonde tristesse », adressée à l’ensemble du Parti communiste chinois, à l’armée et au peuple.

« Le camarade Jiang Zemin était (…) un grand marxiste, un grand révolutionnaire prolétarien, un homme d’État, un stratège militaire et un diplomate, un combattant communiste de longue date, et un leader exceptionnel de la grande cause du socialisme aux caractéristiques chinoises », a ajouté l’agence citant la lettre.

A Moscou, le Kremlin, plus dépendant que jamais du soutien tacite mais prudent de Pékin dans sa guerre contre l’Ukraine et dans le bras de fer avec les Occidentaux, a salué un « ami sincère » de la Russie, « un homme d’Etat exceptionnel » qui a amené les relations entre les deux pays « au niveau d’un partenariat de confiance et d’interaction stratégique ».

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a qualifié M. Jiang de « défenseur inébranlable de l’engagement international » de son pays, et a loué ses qualités de « chaleur humaine et ouverture d’esprit ».

« Vif et jovial »

L’annonce de son décès arrive alors qu’une vague de manifestations secoue plusieurs villes de Chine ces derniers jours, rappelant la mobilisation pro-démocratie de 1989, qui avait été réprimée dans le sang à Pékin.

« Pendant les graves troubles politiques qui ont secoué la Chine au printemps et à l’été 1989, le camarade Jiang Zemin a soutenu et appliqué la décision correcte du Comité central du Parti pour s’opposer aux troubles, défendre le pouvoir d’État socialiste et sauvegarder les intérêts fondamentaux du peuple », selon CCTV.

Dans la population, Jiang Zemin a aussi laissé l’image d’un dirigeant au caractère affable. « Il y avait beaucoup de problèmes de corruption à l’époque, mais c’est quelqu’un qui était vif et jovial », a confié Wang Yi, une habitante de Pékin. « Les médias étaient aussi plus libres à son époque de faire des reportages critiques sur les problèmes de la société ».

Mais il a aussi été critiqué pour n’avoir pas réussi à régler certains problèmes comme la corruption, les inégalités, la dégradation de l’environnement et des réformes du secteur de l’Etat qui ont entraîné des licenciements massifs.

Mèmes et nostalgie

Il aura été 13 ans à la tête du parti (1989-2002) et président durant 10 ans (1993-2003).

Une fois à la retraite, il a fait l’objet de nombreux mèmes amusants, des jeunes se surnommant les « adorateurs du crapaud » en référence à son allure. Des mèmes postés en quantité mercredi par les usagers chinois sur les réseaux sociaux, avec moult hommages au « roi crapaud » laissant apparaître une certaine nostalgie pour une époque perçue comme plus libre.

Plus d’un demi-million de personnes ont posté dans l’heure le message de CCTV annonçant son décès sur Weibo, le Twitter chinois. Beaucoup évoquaient « Grand-père Jiang ».

Certains ont lancé des piques à l’actuel dirigeant. « L’ère Jiang, même si elle ne fut pas la plus prospère, était plus tolérante », a écrit un usager de Weibo. « J’ai entendu beaucoup de reproches le concernant, mais le fait qu’il autorisait les voix critiques à exister montre à quel point il est digne d’éloges », a renchéri un autre.

Nombre des messages les plus humoristiques ont été censurés en quelques minutes sur Weibo.

Les « adorateurs du crapaud » lui ont également rendu hommage. « Repose en paix, roi crapaud », a écrit l’un sur Weibo. « Crapaud … pourais-tu emmener Winnie l’ourson? », demandait un autre en utilisant un surnom interdit désignant l’actuel président Xi Jinping.

Sur l’application populaire WeChat, des liens étaient postés avec des chansons intitulées « Dommage que ce ne soit pas toi » ou « Pas la bonne personne », en référence à M. Xi. Les commentaires sur la première chanson ont été supprimés sur le service de musique en streaming NetEase peu après la mort de Jiang Zemin.

Selon les analystes, Jiang Zemin et son « gang de Shanghai » – la faction le soutenant – ont continué à avoir une grande influence sur la politique chinoise longtemps après son départ du pouvoir.

A l’annonce de son décès, les médias d’Etat ont tous publié la même photo en noir et blanc d’un chrysanthème sur les comptes officiels de Weibo.

Quand il avait officiellement été désigné en 1989 par l’ex-dirigeant Deng Xiaoping comme son successeur, la Chine n’en était qu’aux prémices de sa modernisation économique.

Lorsqu’il a quitté ses fonctions en 2003, elle était devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avait remporté l’organisation des Jeux olympiques de Pékin 2008 et devenait une superpuissance. Il laisse derrière lui sa femme Wang Yeping ainsi que deux fils.

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