Débat en Chine sur la pauvreté, après le meurtre de 4 enfants par leur mère

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Publié le 12/09/2016 à 8:12 - Mise à jour le 12/09/2016 à 8:12

Cette Chinoise de 28 ans, qui avait été déboutée de l’aide sociale, a tué fin août ses trois filles, âgées de trois à six ans, et son fils de cinq ans, dans le village d’Agushan, dans la province pauvre du Gansu (nord-ouest), a révélé la police.
 
Yang Gailan s’est ensuite suicidée en avalant un flacon de pesticide. Et son mari, Li Keying, un agriculteur de 31 ans, s’est empoisonné quinze jours plus tard après avoir enterré sa femme et ses enfants. Les autorités locales, qui ont affirmé avoir ouvert une enquête, ont précisé que l’aide sociale versée à la famille –l’une des plus pauvres d’Agushan selon les médias chinois– avait été supprimée en 2014. 
 
Le comité du village avait estimé que le revenu du ménage se situait au-delà du seuil de pauvreté fixé à 2.300 yuans par an et par personne (300 euros). De nombreux médias chinois ont avancé que la corruption avait joué un rôle essentiel dans le drame. Des proches des victimes ont avancé que l’aide sociale avait été supprimée parce que la famille n’avaient pas versé de pots-de-vin aux responsables locaux.
 
L’affaire a suscité un vif émoi sur les sites internet chinois. « Nous vivons dans une société brutale qui dévore ses propres enfants », affirme une affichette largement partagée mardi sur Weibo, le Twitter chinois.  Cette situation « reflète précisément la douloureuse réalité de l’étendue de la pauvreté en Chine », écrit Xiang Songzuo, économiste en chef de la Banque agricole de Chine, sur les réseaux sociaux. 
 
« D’un côté des responsables corrompus qui détournent des centaines de millions à chaque occasion et des riches qui dépensent tous les jours des milliers, se disputant pour savoir lequel d’entre eux réussira à dépenser davantage, face à ceux qui vivent dans une pauvreté telle qu’ils en perdent tout espoir », ajoute-t-il. 
 
Ce drame « choque les citadins des villes développées de l’Est du pays », note Dang Guoying, un expert de l’Académie chinoise des sciences sociales cité par le Global Times, « parce que la plupart d’entre nous sommes incapables d’imaginer que des millions de Chinois vivent toujours aussi pauvres dans les campagnes, alors que le pays est devenu la deuxième puissance économique de la planète ».
 
Yang et Li, ainsi que leurs quatre enfants, vivaient chez la grand-mère et le père de Yang, dans une maison en torchis, terre battue au sol, avec trois vaches et douze poulets, leur bien le plus précieux, selon le Quotidien de la Jeunesse de Pékin. Yang était encore en vie et capable de parler lorsque sa grand-mère l’a retrouvée allongée dans l’herbe, une bouteille vide de pesticide à ses côtés, couverte du sang, ses enfants morts à proximité. 
 
« Pourquoi tu ne m’as pas au moins laissé Yifan? », a crié la vieille dame, évoquant l’aînée des filles, sa préférée, avec laquelle elle dormait chaque nuit. Yang a été emmenée à l’hôpital. Elle n’a pas refusé d’être prise en charge mais répétait inlassablement « Ne me sauvez pas », rapporte le quotidien.  
 
La Chine a assoupli sa politique de l’enfant unique en début d’année, mais même pendant les décennies où elle était en vigueur, un deuxième enfant était toléré à la campagne si l’aîné était une fille. Parfois, dans des campagnes perdues comme Agushan, les couples pauvres, incapables d’acheter des moyens de contraception, pouvaient en avoir davantage.  
 

AFP

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