Coronavirus : la France en état d’urgence sanitaire, le retour à la normale s’éloigne

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La France est officiellement en état d'urgence sanitaire pour deux mois, éloignant ainsi la perspective de sortir fin mars du confinement imposé par la pandémie de coronavirus, qui a tué 186 nouveaux malades lundi et qui soumet le système de santé du pays à très rude épreuve.

Publié le 24/03/2020 à 10:22 - Mise à jour le 24/03/2020 à 11:13

La France est officiellement en état d'urgence sanitaire pour deux mois, éloignant ainsi la perspective de sortir fin mars du confinement imposé par la pandémie de coronavirus, qui a tué 186 nouveaux malades lundi et qui soumet le système de santé du pays à très rude épreuve.

Le Parlement a adopté dimanche ce texte « d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19″, à l’issue de quatre jours de travaux intensifs en comité restreint. Publié mardi au Journal officiel, il prévoit ce nouveau régime d' »état d’urgence sanitaire », sur le modèle de l’état d’urgence prévu par une loi de 1955, et activé après les attentats de novembre 2015.

Le Covid-19 a fait 860 morts en France depuis le début de l’épidémie, donc cinq médecins, et 2 082 patients étaient lundi soir en réanimation, a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran. Vingt résidents d’un Ehpad de Cornimont (Vosges) sont notamment morts « en lien possible avec le Covid-19 », selon les autorités régionales.

Un durcissement des mesures

Face à cette aggravation de la situation, le Premier ministre Edouard Philippe a averti lundi que « le temps du confinement peut durer encore quelques semaines« .

« Beaucoup de nos concitoyens aimeraient retrouver le temps d’avant, le temps normal, mais il n’est pas pour demain », a-t-il prévenu, en annonçant un durcissement des mesures de confinement.

Ainsi, il ne sera plus possible d’aller faire du sport loin de son domicile et pendant le temps que l’on veut. « Sortir pour promener ses enfants ou faire du sport c’est dans un rayon de 1 km de chez soi, maximum pour une heure, tout seul et une fois par jour », a précisé le chef du gouvernement.

Les sanctions ont été durcies pour ceux ne respectant pas ces consignes. Les 135 euros d’amende forfaitaire doivent passer à 1 500 euros en cas de récidive « dans les 15 jours », et « quatre violations dans les trente jours » pourront valoir jusqu’à « 3 700 euros d’amende et six mois de prison ».

Sur près de 1,8 million de contrôles, les forces de l’ordre ont relevé plus de 90 000 infractions pour non-respect des restrictions depuis leur mise en place mardi, selon Alain Thirion, directeur général de la sécurité civile et de la gestion des crises.

« Fantassins » de première ligne dans la guerre contre l’épidémie, deux nouveaux médecins, du Haut-Rhin et de Haute-Saône, sont décédés dimanche des suites d’une contamination au coronavirus, portant à cinq le nombre de praticiens morts du virus. 

Aider les médecins

De nombreuses initiatives ont fleuri pour aider les médecins à faire face, comme les dons de masques de particuliers ou d’entreprises.

Pas sûr pourtant que cela suffise aux yeux du syndicat de généralistes MG France : la distribution des masques par les pharmacies est contingentée à 18 par semaine pour les médecins et infirmiers.

« Pour tous ces soignants qui tombent malades, le coronavirus sera reconnu comme maladie professionnelle : il n’y aura aucun débat là-dessus », a annoncé le ministre de la Santé.

Il y a « quelques centaines » de soignants en Île-de-France qui sont positifs » au Covid-19, a affirmé lundi sur France Inter le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences à l’hôpital Georges-Pompidou de Paris.

Quand arrivera le pic de l’épidémie qui risque de saturer le système de santé ? Si Philippe Juvin n’a « aucune visibilité », l’infectiologue et ancien chef de service à la Pitié-Salpêtrière François Bricaire le prévoit d’ici « une huitaine de jours ». « Je ne suis pas persuadé qu’il faut durcir » le confinement, a-t-il ajouté sur LCI, expliquant que le mot d’ordre « restez chez vous » était « suffisant ».

Le confinement total est réclamé par le corps médical mais le président de la République s’y oppose, en jugeant nécessaire un contrôle plus strict des mesures actuelles. Un nouvel avis du Conseil scientifique est attendu mardi.

Fêtes religieuses sans rassemblement

Emmanuel Macron, qui a réuni par audioconférence les représentants des cultes, a déjà indiqué que les fêtes religieuses d’avril (Pâques juive et chrétienne, début du ramadan) devront se faire « sans rassemblement ».

Certains maires ont pris des mesures radicales. Dans la Drôme, Valence est passée au couvre-feu depuis samedi soir, de 21H00 à 6H00, jusqu’au 31 mars. Au total, plus d’une trentaine de villes sont soumises au couvre-feu.

Du côté des traitements, un essai clinique européen a démarré dimanche dans au moins sept pays pour quatre traitements expérimentaux.

Quid de la chloroquine ?

Concernant la chloroquine, l’un de ces traitements testés qui fait polémique, elle pourra être administrée aux malades souffrant de « formes graves » du coronavirus, mais ne doit pas être utilisée pour des formes « moins sévères », a statué lundi le Haut conseil de santé publique, selon le ministre de la Santé.

Le comité scientifique « exclut toute prescription » pour « des formes non sévères » de la maladie, en l’absence de toute donnée probante.

Un arrêté encadrant le recours à ce traitement, miracle pour certains tandis que d’autres appellent à la prudence, sera pris « dans les prochaines heures », a-t-il précisé.

De très nombreuses personnes se sont pressées lundi devant l’IHU Méditerranée Infection, pôle d’expertise marseillais sur les maladies infectieuses, pour se faire tester par les équipes du professeur Didier Raoult qui préconise ce traitement à la chloroquine.

Sur le plan économique, Airbus a annulé le versement de dividendes à ses actionnaires au titre de l’année 2019 ainsi que ses prévisions de résultats pour 2020, pour atténuer l’effet de la crise sur sa trésorerie. D’autres géants du CAC 40 comme Total ou Vinci ont prévenu qu’ils ne seraient pas en mesure de respecter leurs objectifs pour 2020.

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux s’est déclaré favorable à des nationalisations d’entreprises françaises mises en grande difficulté par le coronavirus.

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