Chumash, les navigateurs de Californie

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Publié le 06/09/2016 à 15:39 - Mise à jour le 06/09/2016 à 15:39

Ils voguent le long des côtes de Santa Barbara, jusqu’à atteindre une fois par an les rivages des Channels Islands, l’archipel situé à une trentaine de kilomètres de la riviera américaine. Les Chumash naviguent à bord des « tomolo » ou » tomols », des canots construits en bois de séquoia, avec des planches cousues grâce à des fibres végétales et fixées avec une substance ressemblant à du goudron, appelé yop. Il s’agit d’une combinaison de résine de pin et d’asphalte produit naturellement le long de la côte, depuis la croûte terrestre.  Il n’est pas rare de voir cette huile suintée à la surface de l’eau .

Il y a des centaines d’années,  les Chumash voyageaient sur les eaux sombres du Pacifique pour chasser, pêcher et faire du commerce. De nos jours, le tomolo est au coeur de l’héritage de cette tribu amérindienne. Il créé un pont entre les différentes communautés internes et externes selon Marcus Lopez, un capitaine. La pagaie entre les mains, il explique : « je rame depuis vingt-deux ans, et depuis tout ce temps, je me sens vivant, car je fait revivre ma culture, et je suis fier de faire partie de ce grand mouvement engagé par la communauté. »

Depuis les années 70, les Chumash se réapproprient leur culture et les techniques de construction. Et même si les méthodes ancestrales sont adaptées avec les outils modernes, chaque sortie en mer rassemble une centaine de familles sur la plage de Santa Barbara.
Plus qu’un effort physique, les coups de rame permettent de rester connecté à l’océan, aux ancêtres et aux aînés de la communauté qui ont toujours souhaité que ce mode ce navigation soit préservé. A bord, cinq passagers peuvent embarquer. Dans cet élan de reconnaissance culturelle,  la jeune génération s’implique : « c’est puissant de ramer et d’être synchronisé. Nous ramons pour la planète, pour nos aînés, et tous ceux qui ont rêvé que cela soit possible encore, c’est un honneur en tant que jeune de concrétiser ce rêve« , explique Nicholas Hummingbird, un membre d’équipage de 27 ans.

Jessa Calderon, une jeune femme navigue en quête de spiritualité : « à chaque de coup de rame, je récite une prière, et je le fais constamment  » explique-t-elle. « Je prie pour quelqu’un que je connais et que j’aime. Aujourd’hui j’ai ramé pour une amie qui n’a pas pu se joindre à nous et pour un proche qui vient de mourir, je prie pour eux ».

Le tomol unit toute la communauté. C’est plus qu’une simple embarcation. « Elle est comme un membre de la famille, on la veut proche de nous. Tous nos canoës rassemblent les populations », explique Rai Ward, capitaine et constructeur de tomol. 

Les Chumash étaient des chasseurs-cueilleurs, et parce qu’ils vivaient près de la mer, c’étaient des pêcheurs expérimentés. En 2005, une étude de la langue Chumash a révélé qu’un probable contact avec les populations polynésiennes a pu être possible avant la conquête des Amériques. L’étude s’est basée aussi sur l’utilisation similaire d’hameçons en os entre les 2 peuples de l’océan.
 

Thomas Chabrol 

 
 

Un reportage à découvrir dans « Iaorana Pacific » le 1er Octobre. 

     

 

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