Attentat à Paris : le tireur n’était pas fiché S

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Publié le 20/04/2017 à 7:51 - Mise à jour le 20/04/2017 à 7:51

A 20H47 jeudi, une voiture s’arrête à la hauteur d’un car de police garé sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris. Le conducteur sort de son véhicule, ouvre le feu à l’arme automatique, tue de deux balles dans la tête un policier de 37 ans, puis tire à nouveau vers les fonctionnaires qui ripostent et l’abattent. Deux autres policiers sont blessés, dont le second grièvement d’une balle au bassin, ainsi qu’une Allemande légèrement atteinte au talon. Dans la voiture, les enquêteurs ont retrouvé un fusil à pompe, deux gros couteaux, des munitions, un sécateur, un Coran et un papier avec les adresses d’armureries, du commissariat de Lagny (Seine-et-Marne) et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). « Un message manuscrit défendant la cause de Daech » est retrouvé sur un papier près de son corps, a indiqué vendredi le procureur de Paris, François Molins.

14 ans en prison

Le tueur est un Français de 39 ans, Karim Cheurfi, originaire de Seine-Saint-Denis et résidant à Chelles (Seine-et-Marne). Bien connu de la police et de la justice, il avait passé 14 ans en prison, période durant laquelle il n’avait « pas présenté de signes de radicalisation », a relevé François Molins. 

L’homme, qui n’était pas fiché « S » (sûreté de l’Etat), semble avoir agi seul, mais les investigations sont en cours pour établir comment il s’est procuré des armes et ses « éventuelles complicités ».

Son lourd passé judiciaire interroge. Cheurfi a en effet été condamné en 2005 à quinze ans de réclusion pour tentatives de meurtres pour avoir quatre ans plus tôt blessé grièvement par balles un élève gardien de la paix et son frère. Pendant sa garde à vue, il avait de nouveau blessé un policier. En 2008 et 2009 il est de nouveau condamné, pour des violences en prison. Enfin, en juillet 2014, il écope de quatre ans de prison, dont deux ans de sursis avec mise à l’épreuve, pour vol aggravé. 

Décrit par un de ses anciens avocats, Jean-Laurent Panier, comme « très solitaire » et « introverti », Cheurfi est libéré le 14 octobre 2015 « après l’exécution de l’ensemble de ses peines », a relevé François Molins. Il était depuis suivi par un juge d’application des peines.
Mais en janvier 2017 Cheurfi refait parler de lui: les renseignements apprennent qu’il a cherché à se procurer des armes et voudrait s’en prendre à des policiers. Le parquet de Meaux ouvre une enquête, il est placé en garde vue le 23 février et son domicile est perquisitionné. Les investigations mettent en lumière plusieurs achats sur internet: des couteaux de chasse, des masques et une « caméra GoPro », mais aucune trace de consultation de sites jihadistes. Les éléments « n’étaient pas suffisants » et sa garde à vue avait été levée, a relevé le procureur. 

Toutefois, au vu de ses lourds antécédents judiciaires, la section antiterroriste du parquet de Paris ouvre le 9 mars une enquête. 
En parallèle, le 7 avril, le juge d’application des peines, qui supervise toujours son sursis avec mise à l’épreuve, le convoque pour l’interroger sur un séjour en Algérie trois mois plus tôt. Un voyage, justifie Cheurfi, pour se marier. Le magistrat lui rappelle ses obligations, notamment celle de l’avertir en cas de séjour à l’étranger, mais ne révoque pas son sursis. 

Trois membres de son entourage étaient toujours en garde à vue vendredi soir.

La revendication jihadiste

L’attaque a été presque aussitôt revendiquée par l’EI, à l’origine de la plupart des attentats qui ont fait 239 autres morts depuis 2015 en France. L’auteur « est Abu Yussef le Belge, et c’est un des combattants de l’Etat islamique », précise un communiqué publié par son organe de propagande Amaq.

Mais cette revendication pose question puisque l’identité semble différer de celle du Français abattu sur les Champs-Élysées.
Correspond-elle à celle d’un homme signalé jeudi à la France par les services belges qui porte le même prénom ? Le parquet fédéral belge a « exclu » vendredi tout lien entre cet homme, qui s’est présenté dans un commissariat d’Anvers (nord de la Belgique), et l’attentat sur les Champs-Elysées.

AFP

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