Après de mystérieuses « attaques acoustiques », Washington réduit sa présence diplomatique à Cuba

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Publié le 28/09/2017 à 5:37 - Mise à jour le 28/09/2017 à 5:37

Parmi les autres mesures annoncées par le département d’Etat, trois jours après une rencontre à Washington entre les chefs de la diplomatie américaine et cubaine, Rex Tillerson et Bruno Rodriguez: l’octroi de visas de routine américains à Cuba est « suspendu pour une durée indéterminée » et les voyages sur place de responsables gouvernementaux américains seront limités, pour l’instant, aux nécessités de l’enquête sur cette troublante affaire.
 
Enfin, les Etats-Unis ont aussi appelé leurs ressortissants à éviter de se rendre sur cette île très touristique des Caraïbes en raison des risques liés à ces « attaques », qui ont jusqu’ici touché 21 employés de l’ambassade dans des résidences diplomatiques américaines mais aussi dans des « hôtels fréquentés par des citoyens américains ».
 
Cinq familles canadiennes sont également concernées.
 
« Tant que le gouvernement cubain ne pourra pas assurer la sécurité de nos diplomates à Cuba, notre ambassade sera limitée au personnel indispensable afin de minimiser le nombre de diplomates exposés » à d’éventuelles futures « attaques », a expliqué M. Tillerson dans un communiqué.
 
Le personnel non essentiel, ainsi que toutes les familles des employés, sont rapatriés.
 
Preuve que l’énigme est loin d’être résolue, l’embarras est flagrant lorsqu’il s’agit de qualifier ces « attaques ». Le département d’Etat parlait jusque-là d' »incidents » ayant provoqué plusieurs « symptômes » sans préciser lesquels, et Rex Tillerson avait évoqué une fois des « attaques contre l’intégrité physique » des diplomates.
 
L’idée d' »attaques acoustiques » ou par « harcèlement acoustique », utilisée notamment par un syndicat de la diplomatie américaine, n’a pas été confirmée officiellement et l’administration américaine s’en est tenue vendredi à dénoncer des « attaques précises », « ciblées » mais d' »une nature inconnue ».
 
– ‘Lésions importantes’ –
 
« Ces employés ont subi des lésions importantes en raison de ces attaques », notamment des pertes d’audition, des vertiges, des maux de tête ainsi que des problèmes cognitifs, d’équilibre ou de sommeil, a souligné un haut responsable du département d’Etat. Certains ont dû être rapatriés pour être soignés aux Etats-Unis.
 
L’enquête n’a toutefois pas encore permis d’identifier la cause ni les auteurs de ces « attaques » et va se poursuivre « de manière dynamique », a promis M. Tillerson.
 
Le secrétaire d’Etat n’est donc pas allé jusqu’à fermer l’ambassade –une des options qu’il avait dit étudier– et a pris soin de confirmer dans son communiqué le maintien des relations diplomatiques avec Cuba, présentant le rappel des diplomates comme une mesure préventive pour les protéger.
 
Mais sa décision risque tout de même de ne pas plaire aux Cubains, qui avaient appelé à ne pas « politiser » cette affaire. La Havane a toujours nié tout rôle dans ces incidents et son ministre des Affaires étrangères a réaffirmé cette semaine que le gouvernement cubain remplissait « rigoureusement ses obligations envers la Convention de Vienne » qui régit la protection du personnel diplomatique.
 
Les Etats-Unis ont pris une nouvelle fois soin de ne pas blâmer directement les autorités cubaines comme pouvant être à l’origine de cette affaire et soulignent qu’elles coopèrent avec les enquêteurs américains.
 
Mais Washington tient La Havane responsable de la sécurité de ses diplomates. A ce titre, deux diplomates cubains avaient discrètement été expulsés au printemps des Etats-Unis en guise de représailles.
 
Cette mystérieuse affaire n’a été dévoilée que plus tard, début août, mais les premiers « symptômes physiques » ont été signalés fin 2016.
 
Le climat était déjà tendu entre les Etats-Unis et Cuba. Les deux pays, ennemis de longue date, n’ont rétabli leurs relations diplomatiques qu’en 2015 après plus d’un demi-siècle de rupture.
 
Mais la situation s’était de nouveau dégradée avec l’élection du républicain Donald Trump à la Maison Blanche, qui a durci le ton face à La Havane, portant un coup au rapprochement initié par son prédécesseur démocrate Barack Obama.
 
Les auteurs des « attaques, « quels qu’ils soient, tentent clairement de saper le processus de normalisation entre les Etats-Unis et Cuba », a estimé vendredi le sénateur démocrate Patrick Leahy.
 

AFP

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