Apnée : Guillaume Néry frole la mort lors d’une compétition

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Publié le 12/09/2015 à 7:30 - Mise à jour le 12/09/2015 à 7:30

Après « la peur de sa vie » à cause d’une invraisemblable erreur de marque de profondeur (-139 m au lieu de -129 m), la star Guillaume Néry abandonne le haut-niveau, mais pas l’apnée, son « mode de vie ».
 
« On n’a pas le droit de faire des erreurs pareilles« . Sans emportement dans la voix, Néry a tout de même frôlé la mort à cause de la terrible faute des organisateurs des Championnats du monde.
« Si je n’avais pas ce niveau d’entraînement, grâce à mes 20 ans d’expérience, ce qui aurait pu être fatal s’est transformé en accident« , explique-t-il au téléphone à l’AFP, depuis Limassol (Chypre).
 
Sa vie a tenu à un scotch. Un scotch mal fixé a entraîné une cascade de confusions qui ont envoyé l’apnéiste à 139 m au lieu de 129 m de profondeur, lors des dernières plongées de préparation Championnats du monde d’apnée libre, qui se déroulent à Chypre du 11 au 20 septembre.
Les athlètes fixent eux-mêmes leur objectif avant de plonger, Néry avait demandé la marque 129 m, soit un mètre de mieux que le record du monde. Sans même s’en apercevoir, il est descendu dix mètres plus bas.
 
Victime d’une syncope en remontant, à dix mètres de la surface, il souffre d’un œdème pulmonaire. Mais « dans trois jours je n’ai plus rien« , assure-t-il.
 
Néry n’a « aucun souvenir d’une bonne partie de la remontée, j’ai récupéré la plaquette (des -139m), commencé à palmer, et le souvenir suivant… je suis sur le bateau. Difficile de témoigner. »
  
« Plus de record » … Ramené inconscient à l’air libre par les sauveteurs, auxquels il adresse « un grand merci », le Niçois (33 ans) a eu suffisamment la trouille pour abandonner l’apnée de compétition. 
« J‘en ai assez, je ne veux plus de record« , dit-il, quittant la compétition frustré de son record involontaire, non homologué puisqu’il s’est évanoui. Il avait déjà détenu le record en 2008 (-113 m).
 
« C’est dur à encaisser aussi, regrette-t-il, on m’a un peu saboté ma saison, même une grande partie de ma carrière, j’ai mis du temps à arriver à ce niveau-là… »
« Mon niveau de maîtrise m’a sauvé la vie. La boucle est quand même bouclée« , se console-t-il.
 
Pourtant, dans son « écœurement », il ressent « une compassion envers les organisateurs, qui ne sont pas des charlatans non plus, ils donnent le maximum. Mais j’ai encore du mal à penser que cela ait pu arriver… J’organise des entraînements depuis des années, je sais quelle rigueur il faut pour régler les câbles, comment est-ce possible sur une tentative de record du monde? Il faut garder en tête que l’erreur est humaine... »
 
– « Je ne porte pas plainte. Les organisateurs se sont confondus en excuses, ils trouvaient difficilement les mots pour justifier tout ça« , raconte Néry. Mais « je ne porte pas plainte, les suites juridiques je m’en fous, ce qui m’intéresse est que cela serve, que cela ne se reproduise jamais« .
 
Il continuera aussi et surtout à plonger car « l’apnée va au-delà du sport, c’est un mode de vie« , argumente-t-il. Lui a réussi à vivre, en créant une boîte de production de films sous-marins, en donnant des conférences et organisant des stages d’apnée à Nice.
 
Ce sport vient de subir deux coups durs, car son accident survient un peu plus d’un mois après la disparition de Natalia Molchanova, légende de l’apnée, lors d’une plongée dans l’archipel espagnol des Baléares.
 
« Ce qui est arrivé à Natalia, hors compétition, arrive tous les étés, » rappelle-t-il. « Elle aurait aussi pu avoir un problème cardiaque en marchant dans la rue… »
« L’apnée est une activité merveilleuse, en plein essor, accessible à tous, et elle n’est pas dangereuse en soi quand on est dans la maîtrise« , martèle Néry.

AFP

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