Le transporteur aérien franco-néerlandais, qui doit recevoir une aide de 7 milliards d’euros (environ 835 milliards de Fcfp) de l’Etat français pour garder la tête hors de l’eau, fait déjà état d’une baisse de capacités de 10,5% au premier trimestre (-35% en mars), et il prévoit un effondrement de 95% pour le deuxième trimestre et de 80% au troisième, selon un communiqué.
En début d’après-midi, le titre Air France-KLM était en baisse de 3,55% à la Bourse de Paris.
Le transport aérien est un des secteurs économiques les plus sévèrement touchés par la crise du coronavirus, du fait notamment des restrictions de circulation et fermetures de frontières décidées partout dans le monde pour freiner la propagation du virus.
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La plupart des compagnies dans le monde, clouées au sol, voient leur trésorerie fondre et, depuis fin avril, les annonces de plans sociaux se succèdent : 12 000 suppressions d’emplois chez British Airways, 5 000 chez SAS, 2 000 chez Icelandair, 3 000 chez Ryanair, 3 450 chez United Airlines ou encore 3 000 chez Virgin Atlantic.
Air France-KLM, qui a recours au chômage partiel, a de son côté plus que quintuplé sa perte au premier trimestre par rapport à la même période de 2019 (-324 millions d’euros soit environ 39 milliards de Fcfp).
Et ces résultats ne reflètent pour l’instant que l’impact du Covid-19 en mars, alors que l’année avait « très bien commencé en janvier et février », a commenté le directeur financier du groupe Frédéric Gagey, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Pas de retour à la normale « avant plusieurs années »
« Nous travaillons sur un nouveau plan pour que le groupe Air France-KLM retrouve sa compétitivité dans un monde profondément bouleversé et réaffirme son leadership dans la transition durable du transport aérien. Ces nouvelles orientations seront présentées dans les prochains mois », a indiqué le directeur général du groupe, Benjamin Smith, cité dans le communiqué.
Une réunion de Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) est prévue, selon la direction, en juin pour définir les contours de ce plan et les « adaptations nécessaires » en terme d’emplois.
Le plan de « reconstruction » d’Air France, qui passe par une réduction de l’activité sur ses vols intérieurs, aura « un impact social » avait déjà prévenu M. Smith.
Cette réunion est « l’annonce de discussions et pas de suppressions d’emplois », a commenté jeudi matin sur France 2 le secrétaire d’Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. M. Smith a fait état « beaucoup plus de départs volontaires que de suppressions fermes d’emplois », a-t-il ajouté, en évoquant une « pyramide des âges chez Air France un peu différente des autres compagnies aériennes ».
Le groupe Air France emploie 53 000 salariés dont 18 800 sont âgés de plus de 50 ans.
La direction d’Air France a indiqué lors d’un conseil d’administration que « toutes les solutions RH sont à l’étude », a indiqué à l’AFP Didier Dague, administrateur salarié (FO).
Le chiffre global des suppressions de postes envisagées n’est pas encore connu mais la direction évoque déjà « une réduction de 30% des effectifs dans les fonctions support » (principalement les services administratifs), soit « environ 1 800 postes », a-t-il ajouté.
Lundi, la Commission européenne a déjà autorisé la France à octroyer un soutien de 7 milliards d’euros à Air France, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90% par l’Etat et 3 milliards de prêt direct de l’Etat, avec en contrepartie des engagements sur l’amélioration de sa rentabilité et sur le plan environnemental.
La compagnie doit réduire de 50% les émissions de CO2 sur ses vols domestiques d’ici 2024 et engager une réflexion sur son réseau en France, quand des alternatives ferroviaires de moins de 2 heures 30 existent, selon le gouvernement.
Le gouvernement néerlandais projette aussi d’aider la compagnie KLM à hauteur de deux à quatre milliards d’euros (de 238 à 477 milliards de Fcfp environ).
Le groupe prévoit « une lente reprise de l’activité à l’été 2020, avec la levée progressive des restrictions aux frontières », mais estime que la demande du trafic commercial « ne devrait pas revenir au niveau d’avant la crise avant plusieurs années ».