Accord sur un cessez-le-feu en Syrie et sur des pourparlers de paix

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Publié le 28/12/2016 à 7:52 - Mise à jour le 28/12/2016 à 7:52

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient les rebelles, a qualifié cet accord d' »opportunité historique » pour mettre fin à la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011.
Cette guerre qualifiée de « cancer à l’échelle mondiale » par le futur patron de l’ONU Antonio Guterres, a fait plus de 310 000 morts et des millions de réfugiés.  
Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a lui aussi estimé que le cessez-le-feu offrait une « véritable opportunité » pour trouver « une solution politique » au conflit.

L’annonce de trêve intervient une semaine après la reprise totale d’Alep par le régime du président Bachar al-Assad, sa plus importante victoire depuis 2011, obtenue avec le soutien de ses alliés indéfectibles, Iran et Russie.
Après plusieurs rencontres en Turquie entre émissaires russes et représentants rebelles soutenus par Ankara, le président russe Vladimir Poutine a annoncé l’entrée en vigueur d’une trêve en Syrie jeudi à minuit locales (22H00 GMT).

L’accord de cessez-le-feu a été confirmé par l’armée syrienne et la Coalition nationale syrienne (CNS), principale composante de l’opposition en exil.
« Trois documents ont été signés: un premier entre le gouvernement et l’opposition armée sur un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien », et le deuxième sur des mesures visant à contrôler le respect de la trêve, a indiqué M. Poutine.
« Le troisième est une déclaration sur la volonté (des parties en conflit) de lancer des négociations de paix », a-t-il poursuivi.

Selon la Russie, le cessez-le-feu a été approuvé par « les principales forces » de la rébellion. Au total, sept groupes rebelles, dont le puissant Ahrar al-Cham, ont signé.
Depuis le début de la guerre en mars 2011, plusieurs cessez-le-feu négociés par Washington et Moscou ont rapidement volé en éclats.

Les Etats-Unis, jusqu’à-là en désaccord continu avec la Russie sur le conflit syrien et qui attendent l’arrivée prochaine à la Maison Blanche de Donald Trump, ont été écartés des négociations ayant abouti à cette nouvelle trêve.
Ils ont malgré tout salué « une évolution positive ».

En revanche, c’est la première fois que la Turquie parraine pareil accord, dont sont exclus les groupes jihadistes, principalement l’organisation Etat islamique (EI) qui occupe de vastes régions dans le nord syrien.
Selon le Kremlin, M. Poutine et son homologue turc « se sont dit satisfaits des accords obtenus », lors d’un entretien téléphonique.
Ils « se sont prononcés pour un renforcement de la coopération antiterroriste » et ont également « souligné l’importance des efforts en cours pour organiser des négociations à Astana », la capitale du Kazakhstan.

M. Lavrov a précisé que ces discussions devraient avoir lieu probablement en janvier.
« Nous commençons avec les Turcs et les Iraniens à préparer la rencontre d’Astana », a-t-il dit sans préciser quels groupes de l’opposition y participeraient en face d’émissaires du régime, sous le patronage de la Russie, de la Turquie et de l’Iran.
Dans un entretien téléphonique, M. Poutine et M. Assad ont estimé que le lancement des négociations à Astana « serait un pas important vers le règlement définitif de la crise », selon le Kremlin.

Le Haut comité des négociations (HCN), regroupant une grande partie de l’opposition syrienne, devrait participer aux prochaines négociations, a indiqué depuis Ankara Oussama Abou Zeid, conseiller juridique auprès des rebelles dits « modérés » alliés à la Coalition nationale syrienne.

La réunion d’Astana précédera des négociations inter-syriennes qui doivent être organisées par l’ONU le 8 février à Genève. Astana n’est pas « une alternative à Genève », selon le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu mais « une étape complémentaire ».
Pour sa part, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura a espéré que le nouveau cessez-le-feu « faciliterait l’apport d’aide humanitaire » dans le pays, et aboutirait à « des entretiens productifs à Astana ».

La coopération russo-turque sur le dossier syrien a repris en juin après des mois de crise. Elle a accouché mi-décembre d’un cessez-le-feu à Alep qui a permis l’évacuation de civils et des rebelles des derniers quartiers insurgés dans cette cité.
Après l’annonce du nouvel accord de trêve, l’agence de presse turque Dogan a fait état de raids par l’aviation russe à Al-Bab (nord), bastion de l’EI en Syrie que des rebelles syriens appuyés par Ankara tentent de prendre.
Il n’était pas clair dans l’immédiat si ces bombardements avaient été menés en coordination avec la Turquie.

Avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH) a fait état de la mort de 22 civils dont 10 enfants dans des frappes du régime sur la Ghouta orientale, près de Damas.
A Alep, deux civils ont été tués par des obus tirés par les rebelles depuis les territoires qu’ils contrôlent, à l’ouest de la métropole du nord.
La guerre en Syrie a débuté en 2011 après la répression de manifestations prodémocratie par le régime. Elle s’est complexifiée au fil des ans et implique des acteurs syriens et étrangers.

AFP

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