A Toronto, deux kilomètres jonchés de cadavres et de débris

Publié le

Publié le 22/04/2018 à 11:54 - Mise à jour le 15/06/2019 à 2:56

« J’ai entendu crier, hurler, je me suis retourné et j’ai vu cette camionnette descendre la rue », raconte Rocco Cignielli. « Le conducteur faisait des zigzags, sur le trottoir, sur la chaussée, il continuait à rouler. »
Cet homme de 42 ans, qui travaille dans le service clients d’une enseigne commerciale, voit alors des blessés sur le sol : « On leur faisait des massages cardiaques, deux d’entre eux sont morts là, sous mes yeux ».

Il pointe du doigt des corps qui, deux heures plus tard, sont encore sur le trottoir, recouverts d’un drap d’un orange éclatant sous le soleil printanier de la capitale économique du Canada. 
Il y en a plusieurs autres tout au long de la rue Yonge, bordée sur deux kilomètres par un ruban jaune estampillé « Police – Do not cross » (Police – Interdiction de passer).
La fourgonnette-bélier a fait neuf morts et seize blessés, selon un premier bilan de la police.

– PUBLICITE –

Il est peu après 13 heures lundi quand le véhicule s’élance à toute vitesse sur le trottoir de cette artère commerçante, dans un quartier de tours résidentielles dans le nord de Toronto. Il percute d’emblée des passants, retourne sur la chaussée, traverse pour prendre la rue en contre-sens.

Pas un accident 

Nana Agyeman-Badu, un chauffeur de 56 ans, vient de déposer un client. Il voit la camionnette foncer vers le Sud, direction le centre-ville à une dizaine de kilomètres de là, où se tient une réunion ministérielle du G7, les sept pays les plus industrialisés.
« J’ai d’abord pensé à une livraison, mais il allait très vite, sur le trottoir », se souvient-il. Il voit alors une femme se faire projeter par le véhicule-bélier contre un abribus, dont « les vitres éclatent en morceau et s’effondrent » sur la victime, inconsciente, continue cet homme qui se porte ensuite à son secours.
Mais la camionnette poursuit sa course, « encore, et encore et encore ».

Elle renverse une bouche à incendie jaune, des distributeurs de journaux. Plus loin, au milieu de la rue, une paire de baskets sont encore à même le sol, à quelques mètres d’un cadavre. « Elles appartiennent à la victime », glisse un policier.

« Je l’ai vu conduire comme un fou sur tous ces gens », lance un autre témoin, qui pense alors instantanément à « ce qui s’est passé à Londres, à Nice », où des attentats jihadistes ont fait de nombreux morts avec un mode opératoire similaire.

A Toronto, en l’absence encore d’une piste avancée par les enquêteurs, la foule accourt pour voir la scène et se perdre en conjectures.
« C’est un carrefour très dangereux », dit une femme en observant les dizaines de véhicules de police et de secours qui barrent les rues, gyrophares allumés. « Ce n’est pas un accident », la coupe un passant, tandis que d’autres entament une discussion sur l’origine présumée du conducteur, qui a été arrêté par la police.

AFP

Dernières news

Activer le son Couper le son