A l’aéroport de la Guadeloupe, le « soulagement » et le « choc » des rescapés

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Publié le 09/09/2017 à 11:59 - Mise à jour le 09/09/2017 à 11:59

Douze avions ont permis d’évacuer sur l’aéroport Pôle Caraïbe deux à trois fois plus de personnes que les jours précédents, selon Nicolas Beaumont, délégué communication de la Croix Rouge Française.

Dans le hangar qui accueille le Centre d’accueil des impliqués (CAI) de la Croix Rouge, des centaines d’hommes, femmes, enfants, personnes âgées, parfois très choqués. 

Sur des lits de camp, debout ou assis à même le sol, ils font d’abord la queue pour donner leur identité, puis reçoivent à boire, une collation, un mot de soutien. 

Derrière son bureau, Jocelyne, infirmière anesthésiste, note les noms: « on recense tous les arrivants ». Il se s’agit pas d’un « rôle de contrôle mais plutôt de facilitation dans le cas où il y aurait besoin de retrouver un proche », précise M. Beaumont.

Parmi les rescapés, Fred, 43 ans, habitait St-Martin « depuis 2 ans ». Assise à même le sol, elle mange un sandwich. Elle a été rapatriée avec sa famille. « J’ai la chance et la malchance d’avoir une polyarthrite rhumatoïde. On n’a plus rien à craindre », dit-elle, épuisée mais soulagée. 

Encore marquée par le « bruit du vent » et « des odeurs de cadavres d’animaux ou d’humains, on ne sait pas », elle raconte : « là où on sent le soulagement, c’est quand on décolle de Saint-Martin parce qu’on se dit qu’on quitte cette zone de chaos et qu’on n’aura plus à se retourner pour savoir si quelqu’un va vouloir piquer mes affaires, porter atteinte à ma famille et à ma vie ». 

Avec pour seuls bagages « trois sacs à dos », Fred et sa famille attendent de pouvoir rentrer dans leur ville d’origine, Annecy, pour tout recommencer à zéro.

Un peu plus loin, Andrée, 28 ans, avec sa fille de 19 mois dans les bras « ne sait pas où on va dormir ce soir. Je ne connais personne en Guadeloupe mais peu importe. S’il faut attendre trois jours j’attendrai trois jours ».  Cette résidente de Saint-Martin avait été évacuée de Baie Nettlé avant l’ouragan Irma. Là bas, « tout a été rasé ». Elle attend maintenant son mari, resté là bas.

A la sortie du hangar, deux femmes font demi-tour et retournent vers le hall d’arrivée de l’aéroport : « on venait voir si nos proches n’étaient pas dans cet avion, mais non ils ne sont pas là ». Elles vont attendre l’arrivée du prochain vol, en espérant, enfin, apercevoir un visage connu.

Parmi les tout derniers arrivants, Natasha, 28 ans, porte sa fille de 5 jours contre son coeur. Les larmes aux yeux, elle se souvient de « l’hygiène déplorable après l’accouchement », sans « rien de stérilisé pour le bébé car il n’y avait pas d’eau ». 

Cette habitante de Saint-Barth avait été transférée à l’hôpital de Saint-Martin en vue de la naissance, survenue juste avant le passage de l’ouragan. Si elle a pu allaiter son nourrisson, « il n’y avait pas assez de lait alors le bébé a perdu trop de poids ». D’emblée, elle pense à ceux qui sont restés:  « il faut aller aider les gens qui sont restés là bas ! »

 

AFP

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