« L’audition a été avancée pour qu’elle se déroule dans des conditions de sérénité », a expliqué Me Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon. Dans l’après-midi, le candidat est intervenu comme prévu devant la Fédération nationale des chasseurs.
François Fillon a refusé de répondre aux juges d’instruction mais leur a lu une déclaration ensuite diffusée par Le Figaro, et que l’entourage du candidat a confirmée à l’AFP.
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« Oui, j’ai employé mon épouse et la réalité de son travail est indéniable », affirme-t-il notamment, estimant que des témoignages et des attestations le confirment et ajoutant que la justice n’a pas à « porter une appréciation sur la qualité ou la teneur de ce travail ».
« Il est tout aussi faux de prétendre que son emploi à La Revue des deux mondes », propriété de l’un de ses proches, l’homme d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, « n’avait aucune réalité », ajoute-t-il. Penelope Fillon y avait été salariée de mai 2012 à décembre 2013, pour 5 000 euros bruts par mois, en cumulant ce salaire avec celui d’assistante parlementaire du député de Paris. D’où les investigations pour abus de biens sociaux.
Grand favori de la présidentielle avant les premières révélations du Canard enchaîné fin janvier, distancé depuis dans les sondages du premier tour par Marine Le Pen (FN) et Emmanuel Macron (En Marche!), François Fillon est le premier candidat majeur d’une présidentielle à concourir sous le poids d’une mise en examen. La présidente du Front national y a échappé vendredi en refusant de répondre à une convocation des juges dans l’enquête sur des soupçons d’emplois fictifs chez les assistants des eurodéputés frontistes.
Au cœur de l’affaire Fillon, l’emploi, révélé fin janvier par le « Canard », de l’épouse du candidat, Penelope, comme assistante parlementaire — de 1986 à 2013 avec des interruptions — alors qu’elle semblait jusque-là n’avoir eu aucun rôle politique à ses côtés.
Le soupçon d’emploi fictif et les sommes totales en jeu, 680 000 euros net (soit une moyenne mensuelle de 3 600 euros), ont durement écorné l’image du candidat, jusque-là épargné par les affaires, et qui avait marqué la campagne de la primaire à droite par cette formule, qui visait alors implicitement Nicolas Sarkozy : « Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? »
Ces derniers jours, M. Fillon a dû faire face à de nouvelles révélations. D’une part des informations du Journal du dimanche sur des costumes de luxe à des prix très élevés — deux pour 13 000 euros réglés en février — offerts par un ami dont l’identité reste inconnue, et qui ont conduit le déontologue de l’Assemblée à se saisir du sujet.
D’autre part, les questions révélées par Le Parisien sur les deux enfants de François Fillon, Marie et Charles, qu’il a employés comme assistants de 2005 à 2007 lorsqu’il était sénateur, et qui lui ont rétrocédé une partie de leurs salaires. Sur les 46.000 euros net touchés par sa fille Marie, d’octobre 2005 à décembre 2006, environ 33 000 seraient repartis sur le compte joint des parents.
Interrogé par l’AFP, l’avocat de Marie Fillon, Me Kiril Bougartchev, a confirmé ces chiffres, assurant que la fille du candidat avait souhaité « rembourser » à ses parents les frais de « son mariage, mi-2006 ».
Quant à Charles Fillon, il s’agissait selon son avocat, Me Pascal Eyraud, de « remboursements correspondant aux montants des frais pris en charge par ses parents », à savoir « le loyer de son studio séparé » et « ses charges » courantes.
L’avocat de François Fillon a expliqué que les juges avaient retenu les salaires de Penelope Fillon, convoquée le 28 mars, et des enfants dans leur mise en examen.