Chaque groupe en compétition est venu solennellement déposer une feuille devant le jury, un signe de paix… et de respect de ses décisions.
Le concours de chants et danse pouvait ensuite commencer, avec Te pare ‘o Tahiti aea, un groupe de chant spécialisé en tarava Tahiti… et en costumes, puisqu’il a remporté deux fois le premier prix du meilleur costume ces trois dernières années ! Le groupe de Teio Rapae chante la révolte de Pueu à la cour de la reine Pomare IV. Mais il va aussi surprendre, avec un duo de charme, en tapea titi et perruque, qui va bien faire rire le public tout en montrant une belle maîtrise vocale.
Le premier groupe de danse à se présenter sur To’ata cette année est Hura mai. Le groupe a déjà participé au Hura Tapairu. Mais au Heiva, c’est la première fois. Et c’est une réussite.
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Le groupe d’Apetahi Duchemin sort des sentiers battus. Pas de légende, ni de haut fait historique à conter sur scène : le thème choisi est l’arc-en-ciel, à travers le regard de la chorégraphe. Une allégorie de la paix, de la tolérance et de l’unité, représenté sur scène par un grand chapiteau de fils colorés.
Le thème proposé n’est pas limpide, sans doute en raison de son ésotérisme, et de la vision très personnelle d’Apetahi Duchemin. Sachez tout de même que l’histoire conte aussi le chemin d’un jeune homme qui comprend peu à peu que le respect est une valeur essentielle de la vie.
Entre deux tableaux apparaît Dan Perrier, un danseur qui ne se départit jamais d’un large sourire, même dans les efforts les plus intenses !
Parmi les personnalités qui se distinguent dans ce groupe, Mahana Mahai, dans le rôle du ‘orero… mais aussi Mickey Spitz, ra’atira ti’a ti’a très enjoué.
Entre les deux groupe de danse du soir, la Presqu’île arrive en force, et en vert. Les Tamari’i Teahupoo se présentent en tarava Tahiti. Sous l’impulsion de Tematuanui Raveino, ils chantent le paripari fenua de leur district, qui décrit leur terre et leur océan avec force détails.
Et puis vient le moment le plus attendu de la soirée. Sans faire injure aux autres groupes, il s’agit bien sûr des candidats du jour en Hura tau : d’autres enfants d’un district éloigné de la capitale, les Tamari’i Mataiea.
Le groupe n’est pas des plus réguliers à To’ata, mais il a une belle ancienneté : sa victoire chez les amateurs date de… 1988 ! Il d’ailleurs aussi gagné chez les professionnels, mais c’était en 2002. Depuis, c’est la disette, sauf une deuxième place en 2015, et le prix du meilleur danseur la même année. Les Tamari’i Mataiea en veulent plus cette année, et ils ont faim !
Le thème peut sembler éculé au Heiva : l’identité. Mais il s’agit de révolte pour la préserver contre un agresseur, en l’occurrence Pomare IV. Le chefferie résiste, et se bat contre l’envahisseur. Un thème engagé, et une vision des faits plutôt personnelle. Le jury, fin connaisseur de l’histoire polynésienne, appréciera-t-il ? Pas John Mairai en tout cas, qui, dans son Focus du lendemain, évoquera « une atteinte à la mémoire » de la Reine Pomare.
La force des Tamari’i Mataiea, c’est leur intensité. Pas une seconde de répit, ni entre les tableaux, ni pendant. Une belle énergie qui leur permet d’ondoyer dans une belle compacité et de créer des mouvements de foule, très agréables à l’oeil. Et puis, c’est la guerre ! Heureusement pour Mataiea, les rouges l’emportent, humiliant une Reine Pomare très expressive, contrainte de demander pardon.
Parmi les solos du soir, mention spéciale à la meilleure danseuse des Tamari’i Mataiea. Au risque de choquer les traditionnalistes, elle choisit une chorégraphie à la limite de la danse contemporaine, en commençant sa prestation par des spasmes douloureux… avant de revenir à des pas plus classiques. Le jury appréciera-t-il cette liberté ? Réponse le 17 juillet !