Le centre de détention de Tatutu organise son 1er Heiva

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Les festivités du Tiurai sont aussi célébrées à Tatutu. Les détenus du centre pénitentiaire ont organisé leur 1er Heiva cette semaine, autour des Tuaro Maohi

Publié le 06/07/2019 à 10:21 - Mise à jour le 07/02/2020 à 10:27

Les festivités du Tiurai sont aussi célébrées à Tatutu. Les détenus du centre pénitentiaire ont organisé leur 1er Heiva cette semaine, autour des Tuaro Maohi

La Polynésie célèbre à l’unisson le tiurai et le  centre de détention de Papeari n’est pas en reste. Le premier Heiva I Tatutu a débuté lundi 1er juillet et s’est poursuivi toute la semaine. Plus de 200 personnes détenues sur les 330 actuellement incarcérées, ont participé. 

« Cela permet de fédérer la détention sur un projet collectif, c’est aussi, par le biais des activités sportives, les valeurs éducatives du sport : le respect de la règle, le goût de l’effort, on voit d’ailleurs à quel point les gens s’investissent, acceptent la défaite… ce sont des points importants », explique Daniel Willemot, directeur du centre de détention de Tatutu. « En fond de tableau, ce que l’on vise toujours, c’est de permettre aux gens de se développer, de s’améliorer, et de sortir dans un meilleur état qu’avant leur arrivée ici ».

Tearii Alpha, le maire de Teva I Uta, a souhaité encourager l’initiative : « Depuis que nous sommes aux affaires de la commune, nous avons toujours cherché à participer à la vie de ce centre de détention, à, aussi, venir marquer notre présence pour rassurer ceux qui vivent ici, en détention, mais aussi expliquer à la population qui ne voit pas ce qui se passe dans le centre, que nous sommes avec des Polynésiens, qui, pour la plupart d’entre eux n’ont qu’une envie : être réhabilités dans leur vie. Ils ont fait certainement des bêtises pour se retrouver là, mais c’est un passage dans leur vie, on ne doit pas les bannir alors qu’on ne les connaît pas. Donc, à chaque fois qu’il y a un événement organisé par le centre de détention, nous faisons l’effort de venir participer et de montrer notre soutien ».

©TNTV

Les 9 équipes, représentant les différentes coursives de l’établissement, se sont affrontées au cours de 6 types d’épreuves : tirage de cordes, course de sacs, course de demi noix de coco, regroupement de coco, course de porteurs de fruits et levers de pierre.  Tout se pratique selon les règles établies par la fédération des sports traditionnels, présente, elle aussi, à ce 1er Heiva : « J’ai toujours œuvré dans les Tuaro Maohi, depuis 1978, et j’ai eu pour vocation de faire répandre les Tuaro Maohi dans les écoles, les maternelles, primaires, collèges et lycées, et puis on est arrivés dans les comités d’entreprises cette année en 2019, et puis jusqu’à Tatutu », raconte Alexandre Wohler, qui représente la fédération des sports traditionnels.

« On se dit que finalement, on peut faire en sorte que tous les établissements s’intègrent dans la pratique sportive des us et coutumes culturels et sportifs. C’est une bouffée d’oxygène, ces Tuaro, pour les détenus. Ce sont quand même des jeux qui appartiennent à la petite école, et là, on voit des adultes maintenant pratiquer ces jeux, et ils y ont mis tellement de cœur et de force que finalement, ils nous ont convaincu qu’ils méritaient une deuxième édition, et même d’autres ensuite. On va s’attacher, au niveau du comité organisateur, à pérenniser ce projet, de manière à leur apporter une sorte « d’évasion » à ces détenus de Tatutu » !

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Côté participants : cette 1ère édition est aussi perçue comme une réussite : « Pendant 5 jours on s’est battus psychologiquement, épreuves de force etc, et ça nous rendait fiers, de notre côté, parce-que nous représentons notre groupe mais aussi nos familles. Parce-que nous avons derrière nous nos familles, qui nous soutiennent… C’est aussi un message à nos ancêtres, qui nous regardent », indique un détenu. « Ca fait 17 ans que je suis en prison, et c’est une 1ère. On renoue les liens avec la terre en toute humilité, surtout avec le mana », ajoute un autre.« Ca représente la valeur, et un chemin pour changer un peu mes copains dans leur vision de vie pour l’avenir » conclut un troisième.

D’ores et déjà, un autre Heiva est en préparation pour la fin de l’année, cette fois avec des chants et orchestres.

Teva I Uta célèbrera elle aussi le Tiurai dans quelques jours avec le Farereiraa I Mataiea du 12 au 28 juillet.

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