Dossier de la semaine : les Evasan, pour qui ? Quand ? Comment ?

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De par son éclatement géographique, la Polynésie se confronte à des difficultés lors de certaines évacuations sanitaires inter-îles. Le décès récent d’un nourrisson aux Marquises a suscité de nombreuses interrogations sur la prise en charge en cas d’urgence. Comment une évacuation sanitaire est-elle déclenchée ? Qui le décide ? Quels sont les moyens à disposition ? Éléments de réponds dans notre dossier de la semaine :

Publié le 17/10/2019 à 10:10 - Mise à jour le 06/01/2020 à 15:14

De par son éclatement géographique, la Polynésie se confronte à des difficultés lors de certaines évacuations sanitaires inter-îles. Le décès récent d’un nourrisson aux Marquises a suscité de nombreuses interrogations sur la prise en charge en cas d’urgence. Comment une évacuation sanitaire est-elle déclenchée ? Qui le décide ? Quels sont les moyens à disposition ? Éléments de réponds dans notre dossier de la semaine :

Une évacuation sanitaire, c’est la prise en charge d’un patient de son île de résidence vers le lieu de soins le plus proche, lorsque les infrastructures médicales ou les moyens adaptés manquent sur place.

On compte environ 35 000 Evasan inter-îles en 2018. 86% d’entre-elles ont été effectuées vers Tahiti, bien que les missions de consultations avancées aient favorisé le dépistage et la prise en charge précoce de patients.

Il existe deux cas : les évacuations sanitaires programmées et les évacuations sanitaires urgentes. Dans le premier cas, le patient se déplace généralement sur rendez-vous établi par son médecin traitant pour effectuer un acte ou un examen non réalisable sur son île de résidence.

Le second cas, c’est l’urgence. L’Evasan est déclenchée par le médecin de l’île ou le SMUR. Une course contre la montre est alors lancée. Elle impose des prises de décisions rapides selon les moyens disponibles. Certaines îles n’ont qu’une infirmerie. Les urgences représentent 10% des évacuations sanitaires.

Dans cette chaîne de secours, c’est le SAMU qui décide en premier lieu du transfert du patient. Il se tourne d’abord vers les moyens civils.

En Polynésie, la compagnie Air Archipels dispose d’avions médicalisés, les Beach Craft. Elle est en astreinte H24 car ces vols sont imprévisibles. Autre moyen aérien, l’hélicoptère de Tahiti Nui Helicopters, mais son champ d’action est limité. Enfin, la voie maritime est également étudiée selon les cas.

Dans l’urgence, de nombreux paramètres sont à prendre en compte pour optimiser les délais d’intervention, d’autant plus sur un territoire aussi vaste que l’Europe. Certains atolls des Tuamotu ou des îles comme Rapa aux Australes sont dépourvus d’aérodrome. Et lorsqu’une piste existe, là aussi les secours peuvent être confrontés à des contraintes de navigation notamment de nuit.

Et parfois, des pistes sont accessibles uniquement avec un seul type d’avion. Cest le cas aux Marquises, à Ua Pou et Ua Huka : seul un appareil de type Twin Otter peut s’y poser et seulement de jour. Impossible donc d’y envoyer un avion médicalisé.

D’autres moyens aériens peuvent être demandés si les moyens civils ne peuvent pas être déployés. Il s’agit de la flotte des forces armées, dotée de deux avions CASA, deux Gardian et deux hélicoptères Dauphin. Depuis le début de l’année, 72 interventions d’urgence ont nécessité les moyens militaires.

Dans ce schéma de prise en charge particulier, le coût des Evasan est important. Les urgences représentent 40% du montant global, notamment en frais de transport.

En 2018, les Evasan programmées ont coûté 1,285 milliard de Fcfp pour 32 000 Evasan. Les urgences et semi urgences ont coûté 646 millions de Fcfp pour 3 400 Evasan.

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