Vidéo – La chorégraphie millimétrée des pom-pom girls nord-coréennes suscite le malaise

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Publié le 13/02/2018 à 9:25 - Mise à jour le 13/02/2018 à 9:25

Agées de plus ou moins 20 ans et choisies au sein des universités d’élite du pays après des vérifications poussées sur leurs antécédents, elles sont une force centrale de l’offensive de charme lancée par la Corée du Nord à l’occasion des jeux Olympiques d’hiver.

Après près de sept décennies d’évolution totalement séparée des deux côtés de la Zone démilitarisée, les Nord-Coréens sont des objets de fascination au Sud.

Mais pour beaucoup de Sud-Coréens, il y a quelque chose de dérangeant dans les mouvements presque mécaniques des 200 pom-pom girls du Nord.

On les a vues samedi, toutes de rouge vêtues, lors de la raclée (8-0), infligée par les hockeyeuses suisses à l’équipe unifiée de Corée, applaudir et encourager à l’unisson dans des chorégraphies au millimètre.

« Nous nous ressemblons mais je me sens mal parce qu’elles n’ont aucune liberté », confiait Kim Jung-ah, une étudiante de 22 ans, lors de ce match historique.
« Je crois qu’elles sont très différentes », ajoutait son amie Lee Eun-mi. « On dirait des robots. »
Depuis leur arrivée au Sud la semaine dernière, les jeunes Nord-Coréennes évoluent sous étroite surveillance. Elles sont toujours en groupe en présence d’un chaperon et on les voit rarement échanger avec les Sud-Coréens.


Les pom-pom girls nord-coréennes (PyeongChang 2018)Zapping Vidéo

Mardi, elles sont sorties en rang deux par deux au milieu d’une foule de journalistes pour une promenade sur la plage Gyeongpo de Gangneung, ville de l’est où ont lieu les épreuves sur glace. Aux Sud-Coréens qui leur adressaient des messages de bienvenue, elles ne répondaient pas, se contentant d’un sourire timide et d’un geste amical de la main. « Elles ne parlent pas », se désolait Yoo Hong-sik, 31 ans, originaire de Daejeon. « C’est dommage car j’aurais bien voulu échanger. »

L’« Armée de beautés », comme la surnomme la presse sud-coréenne, est constamment traquée par un escadron compact de journalistes sud-coréens, dont certains campent à l’extérieur de leur hôtel pour ne rater aucun cliché. Tout est documenté, de leur footing matinal à la façon dont elles repassent leurs habits. C’est la quatrième fois que les pom-pom girls viennent au Sud. Et force est de reconnaître que la « magie » opère moins qu’avant, sans doute parce que personne au Sud n’a oublié les menaçants essais nucléaires et tests de missiles effectués depuis 2016 par Pyongyang.

Des pom-pom girls du Nord étaient pour la première fois apparues en 2002 lors des Jeux d’Asie de Busan. Près de 300 de ces « reines de beauté » avaient fait une arrivée remarquée en ferry, toutes vêtues d’une robe traditionnelle et agitant ce qui était présenté comme des drapeaux de la Corée unifiée En 2003, elles avaient tellement créé l’évènement lors de l’Universiade de Daegu que le bâtiment où elles avaient séjourné a été transformé en musée, exposant les objets qu’elles avaient abandonnés, parmi lesquels des tubes de dentifrice vides ou des paquets de tampons.

Cette année-là, des pom-pom girls en pleurs étaient sorties en courant de leur bus pour aller « sauver » une banderole arborant le visage du défunt dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, en train d’être mouillée par la pluie. En 2005, l’ancienne pom-pom girl nord-coréenne Cho Myung-Ae, dont la beauté avait fait une énorme impression au Sud, était apparue dans un spot publicitaire de Samsung au côté de Lee Hyo-Ri, une star de la pop sud-coréenne. Noh Seung-Hyuk, un employé de bureau de 29, ne cache pas son malaise face à leur froideur. « Bien sûr c’est bien de les voir mais elles me font froid dans le dos », dit-il. « Elles semblent tellement distantes. »

AFP

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