Nuihau Laurey : « C’est au juge, et pas au politique, de décider si un élu est éligible ou pas »

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Publié le 08/04/2018 à 9:41 - Mise à jour le 15/06/2019 à 3:16

Vous souhaitez un développement plus respectueux de l’environnement. Mais le projet de pêche aux Marquises prévoit de pêcher près de la nurserie des thonidés, pour ce qui est de Hao, le rapport de la CTC (chambre territoriale des comptes) indique que les modalités concernant le risque environnemental ne sont pas encore connues et le projet d’extraction à Makatea fait lui aussi débat. On a l’impression que sur la question de la protection de l’environnement, le Tapura tient un double discours.

 Non absolument pas. Concernant le projet de pêche aux Marquises, ce n’est pas un projet qui est porté par le gouvernement. J’espère que vous l’avez bien noté.

Sur les autres projets, notamment sur Hao, le gouvernement a mis en place toutes les mesures pour justement prendre ses précautions par rapport à l’environnement. De manière plus générale, dans l’ensemble des textes qui sont proposés, la question du réchauffement climatique, de la biodiversité, la question du respect de l’environnement est maintenant quelque chose qui est présente dans tous les textes. Dans notre programme, nous disons effectivement que cette dimension environnementale doit apparaître dans tous les projets de loi qui seront présentés à l’assemblée.

Samedi, plusieurs centaines de personnes ont manifesté contre le projet des îles flottantes. Est-ce que c’est toujours un souhait du Tapura de voir ces îles flottantes en Polynésie ?

Il faut bien comprendre ce dossier et l’attitude du gouvernement. Le gouvernement a indiqué qu’il était tout à fait d’accord pour que des études de faisabilité soit menées sur un projet d’îles flottantes, techniques et économiques. Il a souhaité que tous les chercheurs, tous les scientifiques, tous les techniciens puissent travailler sur ces études de faisabilité. Ça n’est qu’au terme de ces études que la décision de réaliser ces îles ou non sera prise en concertation avec les élus concernés. Mais nous sommes encore très loin de la réalisation effective d’un tel projet. Il ne faut pas avoir peur de l’avenir. Ce sont des projets comme cela qui concernent le réchauffement climatique, la montée des eaux… Ce sont dans ces projets que nous devons attirer des chercheurs. Et c’est ce qu’a fait le gouvernement.

Ces études coûtent très cher. Quand est-ce qu’on aura les résultats ? Quand est-ce que les décisions seront mises en place ?

Elles coûtent très cher. Mais elles ne sont pas financées par le Pays puisque des investisseurs ont prévu de les financer. L’objectif c’est de faire en sorte que la communauté scientifique s’intéresse à la Polynésie et puisse venir en Polynésie travailler sur ces sujets.
Mais quand a la décision effective de permettre la réalisation d’une île flottante ce seront bien sûr les élus, les maires, les associations qui auront leur mot à dire… […]

Le Tavini organise le week-end prochain une marche pour la probité des élus et pour dire non à la corruption. E Reo Manahune fait aussi de la probité le cœur de sa politique. Le Tapura, lui, sur sa liste, présente beaucoup de visages bien connus de la justice, déjà condamnés. Qu’est-ce que vous répondez à vos adversaires politiques qui vous reprochent votre manque de probité ?

Sur ce sujet, je sais que tous les colistiers de toutes les listes sont éligibles au regard de la loi. Maintenant, dans le cadre de ces élections, ce qui est demandé aux citoyens c’est de se prononcer sur les projets qui seront portés par chacune des formation politique pour les cinq prochaines années. Il n’est pas question dans ces élections de s’intéresser à la situation judiciaire d’un tel ou d’un tel sur chacune des listes d’ailleurs, parfois pour des affaires qui remontent à plus de dix ans.
Je sais aussi que sur ce sujet chaque citoyen aura la capacité de décider s’ils souhaitent soutenir tel ou tel candidat.

Maintenant sur la question d’une éventuelle loi, qui empêcherait les élus de se présenter s’ils ont été condamnés, je pense que le conseil constitutionnel s’est déjà prononcé en 2010, en disant qu’il y avait un principe fondamental dans le droit français qui est l’individualisation des peines. On ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. C’est au juge, et pas au politique, de décider si un élu est éligible ou pas. Il faut bien laisser la séparation des pouvoirs…

Nos confrères de la Première ont révélé qu’une plainte a été déposée contre Edouard Fritch et quatre de ses ministres. Il leur est reproché d’avoir utilisé l’argent public pour aller faire campagne. Qu’est-ce que vous avez à dire sur le sujet ? Est-ce que le gouvernement a voyagé avec le budget du Pays ou celui de la campagne ?

Non, le gouvernement voyage avec l’argent public dans le cadre des fonctions qui lui sont confiées. Maintenant, qui a déposé cette plainte ? Yves Conroy, c’est un spécialiste des plaintes en justice. Il m’a attaqué personnellement en justice trois fois, il a perdu trois fois. Je pense que la justice commence à peine. A l’issue de cette campagne, les comptes seront clôturés et la commission de contrôle des comptes de campagne examinera l’utilisation des fonds publics. Je n’ai aucun souci sur le sujet. Je sais que le gouvernement travaille et je pense que c’est ce que la population attend. Ce n’est pas parce que les élections ont lieu dans deux semaines que le gouvernement doit se tourner les pouces. […] Il y a une distinction dans les dépenses du gouvernement et de la campagne. […] 

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