Edouard Fritch et Oscar Temaru à la tribune de l’ONU

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Publié le 27/09/2017 à 15:00 - Mise à jour le 27/09/2017 à 15:00

Pour Oscar Temaru, la Polynésie française, qu’il appelle Maohi Nui, est d’abord un pays qu’il faut décoloniser : il souhaite que les Polynésiens connaissent leur Histoire, la comprennent, pour faire des choix en toute conscience. Et, espère-t-il, qu’ils demandent ensuite leur indépendance lors d’un référendum. Selon lui, ce référendum ne peut donc pas avoir lieu avant une phase pédagogique.
Pour Edouard Fritch, la Polynésie française jouit d’une large autonomie, et n’a donc rien à faire sur la liste de l’ONU des Territoires non-autonomes à décoloniser. Côté autonomiste, il sera le seul à s’exprimer.

Les deux positions sont donc irréconciliables et le dialogue de sourds qui fonde la bipolarité politique locale risque fort de s’exporter une nouvelle fois à l’ONU.

Comme l’an passé, Oscar Temaru s’y rend avec une délégation d’une quinzaine de personnes. Il y aura les habitués : l’ancien sénateur Richard Tuheiava et le nouveau député Moteai Brotherson ; les élus de l’assemblée, emmenés par Antony Géros ; le professeur de reo Tahiti Steve Chailloux, devenu collaborateur de Moetai Brotherson ; le fils d’Oscar Temaru, Tetuahau Temaru, troisième adjoint au maire de Faa’a, devrait aussi s’exprimer ; et, pour représenter la société civile, Frère Maxime, de l’association 193. Presque tous étaient déjà là l’an passé. Mais, en cette année pré-électorale, la société civile est moins représentée, et la délégation est plus politique.

Une fois encore, le nucléaire sera l’un des thèmes majeurs.  C’est le principal point de la résolution du Comité de décolonisation, qui s’est réuni en juin. Tout l’enjeu pour le Tavini est de renforcer cette résolution devant la quatrième commission. Le parti souhaite une mission de l’ONU pour examiner le fait nucléaire en Polynésie. Il voudrait aussi une mission des Nations-Unies sur les questions nucléaires et sur les ressources naturelles, notamment pour préserver Makatea et Hao avant les grands projets industriels à venir.

Face à lui, Edouard Fritch devrait aussi aborder la question du nucléaire, et probablement regretter à nouveau la réinscription de la Polynésie sur la liste des Territoires à décoloniser. Mais pourquoi se déplace-t-il à l’ONU, lui qui croit si peu à son influence en Polynésie ? Tout simplement pour ne pas laisser le champ libre aux indépendantistes, et représenter un courant autonomiste qu’il juge majoritaire au fenua.

Pas sûr toutefois que ces rendez-vous annuels aient un impact majeur sur l’avenir de la Polynésie. Certains lobbyistes, pour d’autres causes, s’expriment depuis plusieurs décennies à la tribune de l’ONU sans résultats probants. Et la France a montré à plusieurs reprises qu’elle faisait peu de cas des résolutions de Nations-Unies relatives à la Polynésie. Même si elle y reste attentive. Pour Richard Tuheiava, c’est même pour cette raison que le Haut-commissaire « a fait sa pub sur l’oncologie juste avant la 4ème commission ».

Mike Leyral

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