Un médecin du CHPF accusé de s’être fait livrer de l’ice sur son lieu de travail

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Publié le 08/03/2017 à 12:56 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:21

Le médecin, 47 ans, a fait profil bas tout au long de son procès. « J’ai conscience que je n’aurais jamais du faire ce que j’ai fait « , a-t-il d’emblée lâché.

En décembre 2014, les douaniers avaient intercepté un colis express en provenance de Belgique au nom du docteur et adressé au CHPF de Taaone. A l’intérieur : une boite de chocolat mais aussi cinq petits sachets contenant au total plus de trois grammes d’ice. Les fonctionnaires avaient attendu que le destinataire vienne le récupérer pour l’appréhender.

S’en était suivie une perquisition au domicile du médecin qui avait donné lieu à la découverte d’autres produits stupéfiants. De l’ecstasy, un peu d’ice et du paka.

« Je ne suis pas un consommateur régulier (…) Je savais ce que je faisais et, depuis 2014, je n’ai touché à rien « , s’est défendu le praticien à la barre.

Celui-ci  a reconnu avoir importé de l’ecstasy, achetée lors d’une soirée à Las Vegas (Etats-Unis) et ramenée par avion « dans sa poche « . Mais il a nié avoir commandé le colis contenant de l’ice : « Trois jour plus tard, je devais partir en France. Et j’avais déjà de la drogue chez moi. Je serais fou de me faire envoyer du chocolat avec des sachets posés comme ça « .

Son avocat a plaidé la relaxe pour ces faits tout en demandant que sa peine ne figure pas sur son casier judiciaire s’il était condamné pour le reste de ce qui lui est reproché. Car une telle mention pourrait signifier la fin de sa carrière.

« Si ce colis avait été le sien, je n’aurais pas fait appel de la peine », a plaidé Me Smaïn Bennouar pour qui « beaucoup de questions restent en suspens« , l’enquête n’ayant pas permis de confirmer avec certitude que son client était le commanditaire. 

Un médecin dépeint par le pénaliste comme « parfaitement irréprochable » dans son travail. Mais aussi un « simple justiciable » qui, a un moment donné, a eu « un écart de conduite « .

« Il est médecin et ça a été l’occasion de s’acharner sur lui. Ce qu’on veut, aujourd’hui, c’est tuer socialement et professionnellement mon client « , a conclu l’avocat.

« De par sa profession, il ne peut pas ignorer la législation et les effets de ces produits stupéfiants« , a rétorqué le représentant des douanes, « cela peut inquiéter les patients potentiels que nous sommes tous ».

Le représentant du parquet général a, dans ses réquisitions, réclamé la même condamnation qu’en première instance soit 8 mois de prison avec sursis, une amende douanière de 881 000 Francs et une autre de 500 000 francs. Mais il a, de plus, demandé au tribunal d’interdire au taote d’exercer pour une durée d’une année.

Sur le plan disciplinaire, le prévenu devrait également devoir rendre des comptes à ses pairs.  Et l’Ordre des médecins pourrait lui aussi lui interdire de pratiquer, voire le radier.

Ce qui pour l’intéressé apparaît comme inenvisageable. Dernier à prendre la parole, le docteur a lâché d’une voix blême : « Si l’on m’interdit de travailler, c’est fini…. « .

La cour d’appel rendra sa décision le 20 avril prochain.
 

J-B. C. 

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