Le fondateur de Playboy, Hugh Hefner, meurt à 91 ans

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Publié le 27/09/2017 à 7:05 - Mise à jour le 27/09/2017 à 7:05

« La vie est trop courte pour vivre le rêve de quelqu’un d’autre » : c’est avec cette citation de son ancien patron et un portrait de celui-ci que Playboy a salué cette disparition sur son compte Twitter.

Célèbre pour ses tenues d’intérieur en satin rouge, Hefner avait fondé en 1953 le magazine de charme qui allait apporter sa pierre à la révolution sexuelle aux Etats-Unis et au-delà.

Il est mort de causes naturelles à son domicile de Beverly Hills, la « PlayboyMansion », passée à la postérité pour ses fêtes symbolisant les excès de Hollywood.

Célèbre pour son magazine mais aussi pour sa vie d’excès et fêtes, entouré de ses nombreuses petites amies, le fondateur de Playboy continuait à sortir dans les discothèques et entretenait sa vie intime à coups de Viagra, dont il n’hésitait pas à faire la promotion. Il avait assuré en 2013 au magazine Esquire avoir couché avec « plus de mille » femmes.
 
« Mon père a vécu une vie exceptionnelle, en tant que pionnier des médias et de la culture et comme porte-parole de certains des mouvements culturels et sociaux les plus significatifs de notre époque, en se faisant notamment le défenseur de la liberté d’expression, de la liberté sexuelle et des droits civiques », a déclaré son fils Cooper Hefner, directeur artistique de Playboy Enterprise’s, la maison mère du groupe Playboy.
« Il a défini un style de vie et une philosophie qui restent ancrés au coeur de la marque Playboy, une des plus identifiables et durables de l’histoire », a-t-il ajouté.

L’homme au franc-parler était né à Chicago le 9 avril 1926 dans une famille de protestants conservateurs. « Ma vie et le lancement de Playboy étaient la réponse à une éducation répressive et puritaine. Je n’y ai vu que douleur et hypocrisie », expliquait-il à l’AFP en 2003.
 
 
« J’ai essayé de vivre de façon traditionnelle, mais ce n’était vraiment pas mon truc », résumait Hefner, qui s’était marié trois fois et avait eu quatre enfants au total.
Terrorisé à l’idée de vivre comme ses parents, Hugh Hefner, après plusieurs postes au magazine Esquire, avait décidé de prendre un grand virage et de lancer sa propre publication en 1953.

« Quand j’ai vu les jupes s’allonger au lieu de raccourcir, et qu’au lieu de célébrer l’après-guerre, nous étions confrontés à la répression et au conservatisme, j’ai compris que nous n’étions pas sur la voie du progrès », expliquait-il.

Premier magazine grand public à montrer des seins nus à une époque où, dans les films de Hollywood, les couples mariés dormaient dans des lits séparés, Playboyavait brisé les tabous dès son premier numéro, avec Marilyn Monroe en couverture.

Reconnaissable à ses voluptueuses « covergirls » et à son logo en forme de lapin, Playboy avait atteint son pic de diffusion en 1972 avec sept millions d’exemplaires, et tracé le chemin pour des publications encore plus osées comme Hustler et Penthouse.
Playboy était aussi un empire économique comprenant des productions télévisées et, à partir de 1960, les fameux « Playboy Clubs », avec leurs hôtesses dévêtues et déguisées en lapins, les fameuses « bunnies ».

Parti à la retraite, Hugh Hefner avait continué pendant des années à participer aux décisions au sein du magazine, choisissant les couvertures et les « Playmates » du mois.

Dans son entretien avec l’AFP en 2003, il disait espérer « rester dans le souvenir des gens comme quelqu’un qui a eu un impact positif sur le changement des valeurs sexuelles de l’époque ».

Sans surprise, Playboy a souvent été la cible de réactions scandalisées, ou accusé de transformer les femmes en objets.
La plus célèbre des critiques était venue de la féministe Gloria Steinem qui, après s’être engagée comme « bunny » pendant quelque temps à l’âge de 28 ans, avait raconté une vie d’horaires de travail interminables, de bas salaires, d’accoutrements dégradants et de clientèle vulgaire.

Ce à quoi Hefner répondait que la « philosophie Playboy » faisait du bien à tout le monde. « Les femmes sont les principales bénéficiaires du fait de se débarrasser des vieilles notions hypocrites sur le sexe », déclarait-il à People Magazine en 1985.
Playboy avait montré pour la première fois dans ses pages une musulmane portant le voile, dans un article de septembre 2016 qui avait généré autant de louanges que de critiques.

Le truculent nonagénaire à la vie personnelle débridée –outre trois épouses, il a eu de multiples « bunnies » pour compagnes– a fait l’objet d’une série télévisée documentaire produite par le géant du commerce en ligne Amazon.

AFP

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