La France doit mieux reconnaître les langues des Outre-mer, juge le CESE

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Publié le 24/06/2019 à 9:36 - Mise à jour le 24/06/2019 à 9:36

Créoles, langues amérindiennes, kanak, polynésiennes… les Outre-mer comptent cinquante des soixante-quinze « langues de France ». Parmi elles, se trouvent notamment 28 langues kanak de Nouvelle-Calédonie et 12 de Guyane. Toutes sont des langues maternelles et usuelles de la population, a souligné la rapporteure de l’avis, Isabelle Biaux-Altmann, lors d’une conférence de presse.

Dans un avis intitulé « Valorisons les langues des Outre-mer pour une meilleure cohésion sociale », le CESE -une assemblée constitutionnelle française- réclame notamment l’adoption d’une loi constitutionnelle pour permettre de ratifier la « Charte européenne des langues régionales ou minoritaires », signée en 1992, mais jamais ratifiée. Cette ratification serait « un facteur essentiel de reconnaissance et de légitimation des cultures et des identités ultramarines, qui ne menace en rien l’unité nationale », insiste le CESE.

Car historiquement, les langues régionales d’Outre-mer « ont souffert d’un déni de réalité et de reconnaissance au sein de la République française », qui a construit son unité autour de la langue française, note le CESE. « L’imposition français est le fruit du fait colonial et allait de pair avec une volonté de ‘civiliser’ la population dont la culture était dépréciée », ajoute-t-il.

Mais « il apparaît plus que jamais nécessaire de prendre conscience que l’enseignement des langues régionales n’est en aucun cas un obstacle à l’apprentissage ou à la maîtrise du français, bien au contraire », insiste l’avis, qui préconise que l’accueil des enfants à l’école élémentaire soit « systématiquement proposé en langue régionale, au même titre qu’en français, et pas seulement dans certains établissements ».

> Il faut « proposer systématiquement aux élèves un enseignement en langues régionales dans les Outre-mer »

Le CESE s’inquiète aussi de la réforme du lycée et du baccalauréat, qui prévoit que le lycéen choisisse entre une langue vivante étrangère et une langue régionale, ce qui « risque de conduire dans certains cas à la disparition de l’enseignement optionnel de Langue et culture régionales« . 

Il appelle le ministère de l’Education à créer « les budgets fléchés, les postes d’enseignants, les formations initiales et continues » pour « proposer systématiquement aux élèves un enseignement en langues régionales dans les Outre-mer »

Il propose aussi de reconnaître comme « langue de France » le « créole anglais » de Saint-Martin, parlé par la majorité des habitants de l’île. « C’est la langue maternelle », insiste Mme Biaux-Altmann, mais « comme elle est à base anglophone, on refuse de la reconnaître ».

« Les langues régionales sont un facteur d’inclusion », a insisté Jean-Etienne Antoinette, président de la délégation outre-mer du CESE, notant que l’impossibilité de pouvoir s’exprimer dans sa langue maternelle peut empêcher d’accéder à la santé, au droit, à la justice, et aux administrations.

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Le CESE recommande d’encourager « les pratiques de traduction, d’interprétation et d’accompagnement en langue régionale » dans les services publics, et de former les fonctionnaires, agents publics et personnels affectés ou détachés dans les Outre-mer pour qu’ils aient « une meilleure approche des langues et cultures du territoire dans lequel ils exercent »

Certaines de ces mesures ont déjà fait l’objet de textes législatifs, a reconnu M. Antoinette, « mais sur le terrain on est très loin des objectifs attendus »

 

Rédaction web avec AFP

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