Heures sup, augmentation du Smic… : Macron annonce plusieurs gestes pour les « gilets jaunes »

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Publié le 09/12/2018 à 10:32 - Mise à jour le 09/12/2018 à 10:32

Augmentation de 100 euros des salaires au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2 000 euros par mois, heures sup payées « sans impôts ni charges » : le chef de l’État français a annoncé plusieurs mesures face à ce qu’il a appelé « l’état d’urgence économique et sociale ».

« Je demande au gouvernement et au Parlement de faire le nécessaire afin qu’on puisse vivre mieux de son travail dès le début d’année prochaine. Le salaire d’un travailleur au Smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur », a-t-il affirmé lors de son « adresse à la Nation » télévisée, sans préciser la mesure.

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Les heures supplémentaires seront versées « sans impôts ni charges dès 2019 », comme cela avait été le cas sous le quinquennat Sarkozy. Le président de la République a également demandé « à tous les employeurs qui le peuvent » de verser « une prime de fin d’année à leurs employés » qui elle aussi sera sans impôt ni charge.

Emmanuel Macron a également adressé un geste fort aux retraités, « partie précieuse de notre Nation »« Pour ceux qui touchent moins de 2 000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de la CSG subie cette année. L’effort qui leur a été demandé était trop important et n’était pas juste », a-t-il dit. Jusque-là, seuls les retraités gagnant moins de 1 200 euros environ étaient exemptés.

> « 40 année de malaise qui ressurgissent »

Emmanuel Macron a déclaré ressentir comme « juste à bien des égards » la colère des « gilets jaunes » et avoir conscience qu’il lui était « arrivé de blesser » certains par ses propos.

Évoquant « 40 années de malaise qui ressurgissent », le chef de l’État a déclaré : « je sais qu’il m’est arrivé de blesser certains d’entre vous par mes propos »

De nombreux « gilets jaunes » ont accusé le président d’être « méprisant » et « hautain » avec ses « petites phrases » sur les « Gaulois réfractaires », les « fainéants » ou les gens qui ne « sont rien »« Je prends ma part de cette responsabilité » dans cette crise, a-t-il affirmé. « Il a pu m’arriver de vous donner le sentiment que ce n’était pas mon souci que j’avais d’autres priorités ».

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Le chef de l’État français avait condamné au début de son intervention les « violences inadmissibles » qui ont émaillé le mouvement des « gilets jaunes », assurant que « ces violences ne bénéficieront d’aucune indulgence ». Quant au grand débat local de trois mois qui doit débuter la semaine prochaine, « il doit être beaucoup plus large », a-t-il affirmé.

Emmanuel Macron ira « rencontrer les maires, région par région » pour bâtir le socle d’un « nouveau contrat pour la nation », estimant qu’il faut aborder « toutes les questions essentielles », liées notamment à une meilleure représentation des courants d’opinion ou à la prise en compte du vote blanc.  « Pour réussir, nous devons nous rassembler et aborder ensemble toutes les questions essentielles à la nation », a-t-il ajouté évoquant notamment « la possibilité de voir les courants d’opinion mieux entendus dans leur diversité », mais aussi « la prise en compte du vote blanc, et même que soient admis à participer au débat des citoyens n’appartenant pas à des partis ».

> Un discours décevant pour les « gilets jaunes »

Mais l’allocution d’Emmanuel Macron a été accueilli souvent avec déception par les « gilets jaunes » interrogés sur les plateaux de télévision ou sur les lieux occupés dans plusieurs régions. Si certains reconnaissent des « gestes », ils les jugent « insuffisants » ou « incomplets » pour stopper la lutte.  « Cette fois, il y a vraiment une avancée. Au fur et à mesure qu’il parlait, j’avais le sourire qui s’agrandissait », s’est réjouit Erwan, l’un des porte-parole des « gilets jaunes » de Rennes. Mais pour Pierre-Gaël Laveder, manifestant à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), « Macron n’a pas pris la mesure de ce qui se passait ». « Chaque annonce a été huée et la première réaction a été : ‘On se fout de notre gueule' », a-t-il témoigné.

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À droite comme à gauche, les premières réactions de l’opposition étaient aussi plutôt négatives. 

Pour Benoît Hamon, « la lutte paye. Macron a bougé. Un peu. Trop peu. Car le compte n’y est pas. L’augmentation du SMIC par la baisse des cotisations salariales veut dire que c’est la sécurité sociale qui financera les augmentations ». Jean-Luc Mélenchon (LFI) a pointé la « réalité bien crue » que « toutes les mesures annoncées » seront « payées par les contribuables et les assurés sociaux, aucune par les grandes fortunes, ni les profits ». « L’acte V du début de la révolution citoyenne dans notre pays sera un moment de grande mobilisation », selon lui.

À droite, Eric Woerth (LR) a estimé qu’il s’agissait de « réponses de court terme, de pouvoir d’achat nécessaires, mais avec leur part d’injustice ». 

« Il recule pour mieux sauter », a déclaré à l’AFP Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national.
 

Rédaction web avec AFP

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