Un soutien professionnel pour les SDF en détresse psychologique

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Selon une enquête de l'association Te Torea, 300 à 350 sans domicile fixe (SDF) errent dans les rues de Papeete, dont une majorité d'hommes. Soumis aux dangers de la rue, une trentaine d'entre-eux souffrent de mal-être ou de troubles psychiatriques. Pour le père Christophe, ces personnes devraient faire l'objet d'un soin particulier.

Publié le 02/10/2019 à 16:42 - Mise à jour le 15/03/2020 à 9:38

Selon une enquête de l'association Te Torea, 300 à 350 sans domicile fixe (SDF) errent dans les rues de Papeete, dont une majorité d'hommes. Soumis aux dangers de la rue, une trentaine d'entre-eux souffrent de mal-être ou de troubles psychiatriques. Pour le père Christophe, ces personnes devraient faire l'objet d'un soin particulier.

De sexe masculin, il est généralement né à Papeete, se situe dans la quarantaine ou plus, et est souvent passé par la case prison. C’est le profil type du SDF selon l’enquête de l’association Te Torea sur la question de l’errance en Polynésie. Insomnie, solitude, déprime, psychose ou addiction : sur les 300 à 350 sans abris recensés dans l’agglomération, une trentaine souffrent de troubles psychiatriques au sens large.

Soumis au danger de la rue, ce sont des personnes particulièrement vulnérables souligne père Christophe. Pour le vicaire de la cathédrale de Papeete, un suivi psychologique est nécessaire. Tous les mardi matin depuis décembre, le presbytère propose ainsi des consultations dispensées bénévolement par un médecin psychiatre du Taaone, Michel Steinmetz. Si certaines semaines les sans-abris ne se bousculent pas au cabinet, les deux hommes viennent à leur rencontre dans les rues de Papeete.

« On ne leur impose rien. On fait un petit tour dans la rue, ils sont souvent autour du marché, on leur dit bonjour et on leur rappelle qu’il faut continuer les soins, sinon ils retournent à l’étape d’avant : un peu plus énervé avec les problèmes de bagarre que cela comporte » confie Michel Steinmetz.  

Une violence que certains ont du mal à canaliser. D’où l’intérêt de ces consultations au presbytère. Un échange qui permet également de cerner les besoins de ces personnes vulnérables.

« Cela nous permet de situer si c’est effectivement un problème psychologique, ou un simple mal-être. Le psychiatre c’est un professionnel, mais c’est aussi une personne qui est là pour écouter, ça nous permet de mieux répondre aux attentes à la fois des personnes qui sont dans la rue, mais aussi de ceux qui les croisent » commente Père Christophe.

Ophtalmologues, dentistes, ou médecins généralistes : comme Michel Steinmetz, une dizaine de professionnels de santé offrent leurs services à des SDF souvent malmenés par la rue. Selon une enquête de l’association Te Torea, 65% d’entre eux se réfugient dans les addictions, dont l’alcool et le cannabis.

« Les addictions sont un moyen aussi de créer du lien social, d’avoir un sentiment d’appartenance, parce qu’on se sent moins vulnérables en groupe que seul » souligne Heiana Lau, agent d’enquête à l’association Te Torea. L’ensemble des SDF dépendants à l’alcool et aux cannabis ont cependant exprimé « un ras-le-bol de consommer, et une forte envie de vouloir s’en sortir » note l’enquêtrice.  

C’est au premier étage d’un bâtiment dans un coin tranquille de Taaone, que le nouveau centre de jour de l’association accueillera prochainement les SDF. Un espace sera doté de sanitaires, d’une cuisine ou d’une machine à laver pour contribuer à leur bien-être.

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