Gaston Flosse veut une « alliance entre tous ceux qui sont d’accord pour faire barrage au Tavini »

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Alors que les listes pour le second tour des Territoriales doivent être déposées au plus tard, ce mardi soir, à 18 heures, les tractations vont bon train dans le camp autonomiste. Gaston Flosse, le président du Amuitahiraa, qui a obtenu plus de 11 000 suffrages au 1er tour, dit s’être entretenu avec les leaders des principaux partis. Il appelle à une « alliance entre tous ceux qui sont d’accord pour faire barrage au Tavini » et estime que ce rassemblement est en bonne voie. Interview.

Publié le 18/04/2023 à 14:03 - Mise à jour le 27/12/2023 à 15:30

Alors que les listes pour le second tour des Territoriales doivent être déposées au plus tard, ce mardi soir, à 18 heures, les tractations vont bon train dans le camp autonomiste. Gaston Flosse, le président du Amuitahiraa, qui a obtenu plus de 11 000 suffrages au 1er tour, dit s’être entretenu avec les leaders des principaux partis. Il appelle à une « alliance entre tous ceux qui sont d’accord pour faire barrage au Tavini » et estime que ce rassemblement est en bonne voie. Interview.

TNTV : Votre parti a obtenu plus de 11 000 voix au premier tour. Qui soutiendrez-vous pour le second ?

Gaston Flosse : « Nous n’avons pas encore décidé. J’ai réuni le conseil politique, hier au soir. Sur le principe d’une alliance, ils sont d’accord. Mais j’aimerais aller plus loin que ça : créer une alliance entre tous ceux qui sont d’accord pour faire barrage au Tavini Huiraaitira. Pour quelle raison ? Parce que le Tavini Huiraatira est en train de jouer un double jeu. Leur priorité, c’est de gagner les élections. Comment ? Peu importe. Aux Législatives, pas un mot sur l’independance. Or, dans le cas où le processus commence, le dernier mot revient à l’Assemblée nationale et pas un mot pour les députés qui auront cette charge. ‘Ne parlons pas indépendance pour ne pas effaroucher notre électorat’. Mais Oscar ne l’entend pas de cette oreille et dit : ‘moi mon indépendance, c’est demain, c’est urgent. Maintenant que la population nous fait confiance, il faut y aller’. Sans la France évidemment. C’est ce qu’il m’avait dit quand je lui en avais parlé : ‘Moi, dans mon indépendance, pas de Farani, je n’en veux pas’. Et de l’autre côté, aujourd’hui, nos jeunes députés commencent à parler de l’indépendance. Mais, ‘nous ne voulons pas d’une indépendance dure, nous ne voulons pas nous séparer complètement de la France. Nous sommes pour un partenariat. Nous ne sommes pas prêts. On peut attendre et apprendre’. Qui croire dans cette manipulation ? ».

TNTV : Depuis 10 ans, une partie des autonomistes qui vous soutenaient vous ont quitté. Pourquoi se réunir aujourd’hui alors que depuis une décennie vous vous faites la guerre ?

Gaston Flosse : « C’est vrai que depuis 10 ans nous nous faisons la guerre entre nous mais je pense qu’il faut arrêter cette guerre et essayer de nous rassembler. Pour nous, le Amuitahiraa, le problème le plus urgent (…), c’est la situation sociale de notre pays. On est en pleine inflation. Il y 53 000 chômeurs, 75 000 ressortissants au RST ».

TNTV : Pour revenir à cette alliance, pourquoi la vouloir avec des gens que vous avez combattus depuis 10 ans ?

Gaston Flosse : « Parce qu’il y a des problèmes beaucoup plus importants que cette guéguerre entre nous. Le Tavini risque de gagner ces élections. Ils vont continuer à manipuler l’esprit de la population : ‘l’indépendance oui, l’indépendance non’. Il n’y a pas un seul mot sur le développement, sur les solutions apportées au chômage, sur l’aide apportée aux familles dans la pauvreté, voire dans la misère ».

TNTV : Les électeurs sont manipulés, selon vous, et ne sont pas libres de choisir ?

Gaston Flosse : « Comment expliquer que le Tavini, en 2018, aux dernières élections de l’assemblée, il fait 25 000 voix, 23 000 voix au premier tour des Législatives et 60 000 voix au deuxième tour. Est-ce une évolution normale de l’électorat qui porte un intérêt pour un parti tout d’un coup ? Et là, au premier tour des Territoriales, ils perdent 20 000 voix. Ils n’ont que 42 000 voix au lieu de 62 000. Les jugements ne sont pas pesés, réfléchis. Ce n’est pas possible ».

TNTV : Avec tout ce qui vous sépare du Tapura, comment gouverner ensemble ?

Gaston Flosse : « Parce que notre pays est en danger. Si le Tavini venait à gagner les élections…Il ne faut pas oublier qu’Oscar Temaru a été président dans notre pays pendant 10 ans, entre 2004 et 2013. Qu’est-ce qu’il a fait ? (…) Il y en a même qui ne savent pas qu’il a été président ».

TNTV : Ce n’était pas sur une période de 10 ans sans discontinuité. Il était président à chaque fois pour 6 mois…

Gaston Flosse : « Non. Même si c’était 6 mois, il revenait 6 mois après. La dernière fois, c’était pendant deux ans. Est-ce qu’il a mis en place un programme ? Est-ce qu’il a commencé un dossier important pour le Pays ? (…) Qu’on le veuille ou non, il restera le président du Tavini Huiraatira ».

TNTV : Quelles sont les conditions de cette alliance avec le Tapura ?

Gaston Flosse : « Pour l’instant, il n’y a pas de condition. Pour l’instant, nous sommes sur le principe de créer cette alliance et puis nous discuterons après. Nous discuterons, bien sûr, de places ».

TNTV : Les listes doivent être déposées ce mardi avant 18 heures. Qu’avez-vous demandé en échange de vos 11 000 voix ?

Gaston Flosse : « Je ne vends pas les voix du Amuitahiraa. Je discute et je veux surtout que l’on puisse se regrouper. Hier, j’ai rencontré monsieur Laurey et Nicoles Sanquer, j’ai rencontré Edouard Fritch. Ce matin, j’ai rencontré Teva Rohfritsch pour essayer de nous entendre sur un protocole d’alliance ».

TNTV : Sont-ils d’accord ?

Gaston Flosse : « Plutôt, oui. Sauf Nuihau Laurey et Nicole Sanquer. Nicole Sanquer a repris de chez nous Sylviane Terooatea. On l’a jetée dehors. Elle insistait pour être tête de liste. Mais avec 638 voix qu’elle avait faites aux élections municipales et 382 voix aux Législatives, on ne pouvait pas la mettre tête de liste à côté de Martial Teroroiria qui, lui, en a fait 1043. Elle a dit :’si je ne suis pas tête de liste, je m’en vais’. Je lui ai dit : ‘au revoir, merci, tu t’en vas’. Même chose pour Jonathan Tarihaa, le maire de Vairao. Il me dit : ‘je veux être tête de liste, c’était notre accord’. Je lui dis ‘oui mais tu oublies la moitié. Si tu avais été élu député, ce serait ta place. Mais non seulement tu n’as pas été élu mais tu es quatrième’. Ceux-là ont été repêchés par Nicole Sanquer. Tous les rejets du Amuitahiraa échouent chez Nicole Sanquer qui les reçoit à bras ouverts. Ceux-là disent : ‘surtout pas d’alliance avec ce vieux qui est méchant, qui nous a jetés dehors’ ».

TNTV : Allez-vous réclamer des places sur la liste, des ministères ?

Gaston Flosse : « Je ne sais pas. On n’en est pas encore là. Mais nous insistons sur un point. J’ai demandé au président Fritch…cet impôt, la TVA sociale, est vraiment mal perçu par la population. Au moment de cette inflation qui monte tous les mois, je pense que ce serait une bonne chose que tu annules cette délibération. Il n’y est pas opposé, à condition de trouver un impôt de substitution. Je lui ai dit : ‘je suis d’accord, il faut trouver un impôt mais n’allons pas encore taper sur la tête des pauvres qui n’ont pas de travail ‘. (…) Avec la TVA sociale, tout le monde y passe ».

TNTV : Mais avez-vous demandé des places éligibles à l’assemblée ?

Gaston Flosse : « Oui. J’ai des noms en tête ».

TNTV : Et sans cela, pas d’accord avec le Tapura ?

Gaston Flosse : « Je ne crois pas qu’il refuse. Bien sûr, nous nous mettrons d’accord car je ne peux pas non plus leur imposer des noms ».

TNTV : La liste doit être déposée avant 18 heures…

Gaston Flosse : « Je crois qu’elle sera déposée avant ».

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